RUDOLPH NOUREEV (NOUREÏEV)

Sisi, Ysou, je connaissais les plusieurs facettes de Zizi, et même ses chansons avec son voix un peu railleuse 

elle avait l'accent des Titis parisiens ! 
La plupart des gens connaissaient la Meneuse de Revues, la chanteuses, mais ils ignoraient que c'était une danseuse classique talentueuse.

Il me semble tout de même que sa carrière de danseuse en particulier dans les Ballets de Paris de Roland Petit, puis ses prestigieuses interprétations dans Le jeune homme et la mort et, plus tard, dans Carmen ne sont pas passées inaperçues.

Il me semble que la presse n'en parlait pas beaucoup ...  j'étais peut être absente dans ces moments là ?   Une impression, peut être  ?
Je n'arrive pas à démarrer mon compte rendu de lecture de ce livre !  ça fait une dizaine de fois que j'essaie et que j'abandonne. Je ne sais peut être plus écrire.

Je l'attends avant de livrer mon ressenti.   Ne réfléchis pas, écris, tu as aimé, dis-le !

Allez ma belle, laisse parler tes émotions 

Rudik, l'autre Noureev

Philippe Grimbert a rencontré le danseur une seule fois, dans une soirée. Ils ont bavardé un peu et c'est peut-être le contenu de cet échange qui lui a donné l'idée d'écrire ce roman...
Même si les sources sont solides, le romancier s'est fort bien tiré de cet exercice de haute voltige. 
Imaginer Noureev qui est l'incarnation hyperbolique de l'esprit d'insoumission allongé sur le divan d'un Psy était déjà une gageure.
Alors suivons l'auteur.
Le premier rendez vous a été un fiasco : il n'a pas décroché un mot, juste bafouillé en russe. Il faut savoir qu'il est fréquent qu'un patient n'ouvre pas bouche pendant toute une séance en analyse...... mais doit payer quand même son heure, et en liquide.
A la deuxième le psy lui demande de traduire ce qu'il a marmonné en russe. "Ma mère ne m'a pas reconnu ! elle a dit à ma soeur qu'elle n'avait pas de fils".
La douleur est expliquée en quelques mots.
 la réalité et la vérité. S’il est une dimension qui importe au psychanalyste, c’est bien celle de la vérité, ce tissu de souvenirs remaniés, embellis par la mémoire, dans lequel nous nous drapons, romanciers de notre propre histoire. Tout souvenir est fiction, récit imaginaire dont nous sommes les auteurs, bousculant lieux et dates, et c’est sur cette fiction que nous nous construisons, plus sûrement que sur la réalité des faits. 
Oui, j'aime bien cette idée.


Le reste, c'est la description du caractère d'un personnage hors normes. L'histoire d'un transfert aussi quand ce médecin de l'âme se trouve confronté à cet être magnétique, fascinant et accepte une invitation à l'opéra pour venir le voir danser, un diner dans son appartement, toutes choses interdites dans ses fonctions ! Le transfert qui consiste à ressentir une attirance pour son patient doit être combattu. Le praticien en parle à un collègue et ami qui ne peut que le mettre en garde, mais compte tenu de la personnalité de Noureev, le comprend.

Qui est l'analyste, qui est analysé ?
On apprend beaucoup sur le danseur : sa force de caractère exceptionnelle, sa discipline de fer qu'il impose également à ses partenaires. son mauvais caractère, ses crises de colère. Et puis on se laisse fasciner par ce magnétisme, cette présence dès qu'il apparait, cette force alliée à cette grâce.......
Oui, on ne peut douter de l'existence de ces êtres qui échappent à toute velléité d'analyse.

Si on s'y retrouve dans ce fratras, je veux bien être pendue !!!

Je m'y retrouve très bien   , ne va surtout pas te pendre !

non, non, pas se pendre ! on est trop laid après !

Merci beaucoup mon Ysou pour ce beau ressenti ! J'apprécie 

non non ! c'est un cafouillage ! je n'ai même pas dit la moitié de ce que je voulais dire !
je ne sais plus raconter, voilà !

A mon tour, je vous propose mon ressenti sur Rudik, l'autre Noureev. Je rejoins Ysou sur bien des points.
 
Un livre inclassable, ni biographie, ni roman. Il a d’ailleurs été publié dans la collection Miroir des éditions Plon qui se veut une réinvention du genre de la biographie pour faire découvrir de grandes personnalités à travers une fiction.
Grimbert utilise ce qu’il sait de Noureev, sans doute à travers des biographies mais aussi parce qu’il l’avait rencontré, plus d’une fois, semble-t-il : sa femme, une danseuse, a été l’assistante de Noureev pendant des années, et je suppose qu’elle a dû parler de la star à son mari ; ils l’ont aussi reçu chez eux, c’est Grimbert lui-même qui le dit dans une interview. Cela dit, il me semble qu’on n’apprend rien qui ne soit déjà connu de la vie de Noureev et ce n’était pas le but de ce livre.
Mais ce n’est pas un roman non plus, bien qu’il soit présenté comme tel par l’éditeur. À travers une fiction, Grimbert renvoie explicitement à Rudik, le « vrai » Noureev en somme, encore que... !
En outre, il est clair que l’analyste Tristan Feller est un double de Grimbert, psychanalyste de formation : il y a donc une part autobiographique, peut-être importante dans ce livre, avec une utilisation de connaissances professionnelles et un ressenti de praticien, confronté chaque fois à un patient unique.
C’est justement ce subtil mélange qui est intéressant. Personnellement, j’ai trouvé que les deux personnages, le danseur et l’analyste, étaient aussi importants et fouillés, comme personnages, l’un que l’autre. Ils se livrent à un véritable duel d’ego, avec un jeu de pouvoir, voire de séduction. Toute sa vie, le danseur a cherché à dominer, par son art, de sa haute stature, le monde entier, et il y est parvenu, et il le savait : nul n’a jamais pu résister à la fascination de Noureev, Tristan Feller comme les autres. L’analyste, cependant, au contact fictif de Rudik/Noureev, se retrouve en position d’analysé par son patient ! C’est très intéressant, car Tristan, finalement, en allant contre sa déontologie habituelle de praticien, se découvre lui-même tel qu’il est, lui qui, je l’ai noté au passage, s’est donné une autre identité pour occulter ses origines modestes.
J’en suis même venue à me demander si, tout compte fait, ce n’était pas l’analyste le héros du livre ! C’est lui le narrateur, et même, il est frappant de constater que l’auteur fait très peu parler Rudik au style direct, il le « raconte ».
Un autre aspect original du livre m’a beaucoup plu : quand un homme évoque ses souvenirs les plus intimes, et même s’il le fait avec une sincérité absolue, en fait, en parlant, il crée ou recrée une vérité – justement celle qui intéresse l’analyste et éclaire le patient. Voilà qui renvoie le lecteur à son propre vécu : quand il se souvient, chaque fois il réinvente un morceau de sa vie.
Un livre facile à lire et court, qui m’a plu, par sa richesse bien plus grande qu’il n’y paraît à pemière vue.

MaNic, superbe compte rendu !
Tu dis beaucoup de choses que j'aurais voulu dire et je suis de ton avis sur de nombreux points.
L'utilisation de ses connaissances en tant qu'analyste lui a incontestablement servi. Ce sont ses réactions devant les refus d'obtempérer de Noureev qui le poussent à s'auto analyser, à demander l'aide morale de son collègue et ami.
Par ailleurs tu dis qu'il ne fait "fait pas beaucoup parler Rudik". Après une psychothérapie, mon
 médecin psychiatre m'a envoyé chez un psychanalyste.  Ce praticien ne fait pas parler son patient, il attend que celui ci parle. Ma première séance s'est passée, pour ma part, dans un silence total. Il n'a fait que deux ou trois tentatives. J'ai quand même réglé la note. La deuxième fois, j'ai parlé mais beaucoup pleuré. A la fin j'ai dit que j'arrêtais.
C'est ainsi que procèdent la plupart des analystes.
C'est très dur de faire une analyse.
Lorsque Noureev dit quelques mots en russe avant de partir, je ne sais si c'est par bravade ou pour donner un renseignement ? à savoir, il a dit "ma mère ne m'a pas reconnu". Ce passage du roman m'a intrigué : le dire en russe parce que Feller ne parle pas cette langue, ou pour qu'il lui demande la traduction de la phrase ? Il l'a fait lors de la séance suivante. A partir de ce moment, l'analyste connait la blessure mais pas le personnage. "

Un autre aspect original du livre m’a beaucoup plu : quand un homme pévoque ses souvenirs les plus intimes, et même s’il le fait avec une sincérité absolue, en fait, en parlant, il crée ou recrée une vérité – justement celle qui intéresse l’analyste et éclaire le patient. Voilà qui renvoie le lecteur à son propre vécu : quand il se souvient, chaque fois il réinvente un morceau de sa vie.
Dis tu, Nicole, oui, j'ai beaucoup aimé et j'ai réalisé que lorsque j'évoque des souvenirs, moi aussi
je réinvente un morceau de ma vie !
Je comprends seulement maintenant que c'était pour ça que mon médecin psychiatre me demandait souvent : "quand vous dites ceci ou cela racontez moi ce souvenir"
Nul n'a jamais pu résister à la fascination de Noureev, dis tu
J'en ai fait l'expérience alors même que je ne l'ai pas rencontré ! Mais je l'ai vu danser "La Bayadère", "Le jeune homme et la mort", "Le lac des cygnes" sur le grand écran de la tv d'Alain. 
j'ai vu beaucoup de photos de lui, je l'ai suivi dans deux biographies. C'est vrai, je suis fascinée.
Oui, ce livre est un bon livre !

Merci maNic, je suis aussi "éclairée" !
Je sais qu'il parlait bien l' anglais mais qu'il saccageait consciencieusement le français !   de plus, ce n'était pas un littéraire !
Mais je suis toujours aussi fascinée ! c'est un danseur enchanté !

Je n'ai malheureusement pas lu ce livre mais je vous dis bravo à toutes les deux pour ces brillantes analyses !

A l'occasion, si je le trouve, je me ferai un plaisir de le lire !

merci encore 

J'aimerais bien avoir ton avis, ma Sapho, toi qui l'a vu ! de tes yeux vu ! 

  LE JEUNE HOMME ET LA MORT avec Zizi Jeanmaire.
Il a fait entrer le théâtre dans les ballets.  Les danseurs n'ont plus leur masque figé !

Je crois, Sapho, que ce livre te plairait  

moi aussi, je crois ! 

Moi aussi 

elle va le lire ! elle va le lire ! elle peut le dire !