La Clef des Champs Forum d'amitié |
| | Chimamanda Ngozi ADICHIE | |
| | Auteur | Message |
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Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mer 17 Sep - 17:23 | |
| L'HIBISCUS POURPREBiographieNée dans la ville d’Enugu, elle grandit dans la ville universitaire de Nsukka au sud-ouest du Nigeria, où est implantée l’université du Nigeria à Nsukka (UNN, University of Nigeria, Nsukka) depuis 1960. Durant son enfance, son père enseignait à l’UNN comme professeur de statistiques, et sa mère était la responsable du bureau de la scolarité.À l’âge de 19 ans, elle quitte le Nigeria pour les États-Unis. Après avoir étudié à la Drexel University dePhiladelphie en Pennsylvanie, Chimamanda Ngozi Adichie opte pour l’Eastern Connecticut State University afin de vivre plus près de sa sœur, qui exerçait la médecine à Coventry (actuellement à Mansfield, CT). Elle poursuit là ses études en communication et en sciences politiques. En 2001, elle y décroche son diplôme universitaire avec la mention honorifique summa cum laude. Elle achève ensuite un master en création littéraire à l’université Johns Hopkins de Baltimore en 2003. Elle obtient un M.A. (maîtrise ès arts) d’Études africaines à l’université Yale en 2008. La même année, elle intervient comme "écrivain visiteur" à l’Université wesleyenne (Wesleyan University) de Middletown dans le Connecticut où elle participe à la collection Wesleyan's Distinguished Writers Series.Son premier roman, L'Hibiscus pourpre (Purple Hibiscus), publié en 2003 et loué par la critique, est proclamé Meilleur premier livre du prix littéraire Commonwealth Writers' Prize en 2005.RESUME Ce livre laisse une forte impression. Il met en scène Kambili, 15 ans, adolescente sérieuse comme une enfant, jeune fille modèle élevée dans l’adoration respectueuse d’un père érigé en icône de vertu : propriétaire d’usines de biscuits et de boissons, mais aussi du seul journal du pays qui ose s’opposer à la junte militaire arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, c’est un notable généreux avec son entourage, un catholique fervent – « pur produit du colonialisme », disent certains –, soucieux d’éduquer ses deux enfants – Kambili et son frère Jaja, 17 ans – dans la foi de Dieu, la crainte de l’Enfer et le surpassement de soi. Un souci de droiture qui confine à la tyrannie.
De fait, si le « je » du roman est celui de la jeune fille, son point de vue reflète les schémas de pensée du père, omniprésent dans la vie de Kambili : œil qui la suit partout, sur les bancs du collège comme dans la concession du grand-père paternel, un « païen » sinon renié du moins boycotté par son fils pour avoir refusé d’épouser le christianisme et d’abandonner les rites traditionnels de leur ethnie, les Ibos.
Mais un évènement a priori anodin va lézarder l’emprise du père sur ses enfants. Kambili et Jaja partent séjourner quelques jours chez leur tante Ifeoma et ses trois enfants, des cousins qu’ils ne connaissent quasiment pas. Ils y découvrent une vie simple, sans chauffeur ni servante, sans sermon ni gueulante. Sans père aussi : le mari de « Tatie Ifeoma » est mort quelques années plus tôt dans un accident de la route. Les cousins de Kambili grandissent dans un climat de liberté où la jeune fille se sent perdue, désarçonnée, inadaptée. Sa bouche refuse de laisser s’échapper aucun son dans les conversations familiales animées où la répartie et le rire règnent en maîtres ; ses yeux voient son frère s’épanouir comme les fleurs d’hibiscus pour lesquelles il s’est pris de passion, passant le plus clair de ses journées à jardiner ; son cœur se met à battre, pour la première fois, pour un visiteur de la famille qu’il lui est interdit d’aimer, tandis que l’image du père se flétrit imperceptiblement dans sa tête.
Roman en trois actes – le dimanche des Rameaux, avant et après – et un épilogue, L’Hibiscus pourpre, dénonce, avec beaucoup de subtilité, les abus du dogme religieux et les dangers de l’emprise d’une personne sur une autre – du père sur sa fille. C’est aussi un roman initiatique : la Kambili de la fin n’a plus rien de commun avec la jeune fille naïve des débuts. Sous la plume de Chimamanda Ngozi Adichie, on vit avec elle les bouleversements existentiels qui s’opèrent avec plus ou moins de brutalité : l’écriture de la romancière, sensible et émouvante, nous mène au plus près du ressenti de l’adolescente… avec bien trop de précision, de nuance, de complexité et de talent pour que le texte vire à la littérature adolescente, justement.
Enfin, le tableau ne serait pas complet si on ne mentionnait pas, en arrière-plan, la description tout en finesse de la société nigériane dans sa diversité, ses inégalités et les difficultés auxquelles une partie est confrontée – coupures de courant, pénurie d’essence, etc. – et, en détails, les mots en ibo et les mets dépeints par l’auteure pour la mise en scène des situations quotidiennes. Bref, tout est réuni pour faire de L’Hibiscus pourpre un roman véritablement absorbant.En dénonçant le fanatisme religieux, Adichie met en exergue à la fois la duplicité dont font preuve certains de ses concitoyens et les conséquences désastreuses des pratiques extrémistes sur la condition féminine au Nigeria. Dans cet essai, elle dénonce sans équivoque la « culture de l'hypocrisie » au Nigeria, qui mène aussi bien chrétiens que musulmans à stigmatiser le port de la minijupe, tout en s'adonnant sans scrupules à la corruption institutionnalisée. Comme ces déclarations l'indiquent, Adichie n'hésite pas à critiquer vigoureusement ses compatriotes et à leur attribuer la responsabilité de l'ampleur du désastre politique, économique et social qui caractérise son pays d'origine. Toutefois, elle est tout aussi incisive à l'égard de l'ancienne puissance coloniale britannique, qu'elle identifie comme la source première des dysfonctionnements du Nigeria contemporain. |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 18 Sep - 11:10 | |
| CITATIONS J’étais dans ma chambre après le déjeuner, en train de lire le chapitre V de l’Epître de Jacques parce que j’allais parler des racines bibliques de l’onction des malades pendant le temps familial, quand j’entendis les bruits. Des coups rapides et lourds sur la porte gravée à la main de la chambre de mes parents. Je m’imaginai que la porte s’était coincée et que Papa essayait de l’ouvrir. Si je l’imaginais assez fort, alors ça deviendrait vrai. Je m’assis, fermai les yeux et me mis à compter. Compter donnait l’impression que ça ne durait pas si longtemps que ça, que ça n’était pas si grave. Parfois, c’était fini avant que j’arrive à vingt. J’en étais à dix-neuf quand les bruits cessèrent. J’entendis la porte s’ouvrir. Les pas de Papa sur les marches étaient plus lourds, plus gauches que d’habitude. Je sortis de ma chambre au moment où Jaja débouchait de la sienne. Debout sur le palier, nous regardâmes Papa descendre. Maman était jetée sur son épaule comme les sacs de riz en jute que les ouvriers de son usine achetaient en gros à la frontière à Seme. « Il y a du sang par terre, dit Jaja. Je vais chercher la brosse à la salle de bains. » Nous nettoyâmes le filet de sang, qui s’étirait jusqu’en bas comme si quelqu’un avait descendu un bocal d’aquarelle rouge percé, qui aurait dégouliné tout du long. Jaja frottait, et moi j’essuyais.
Les vacances scolaires étaient courtes, seulement deux semaines, et le samedi précédant la reprise des cours, Mama nous emmena Jaja et moi acheter des sandales et des cartables neufs au marché. Nous n'en avions pas besoin : nos cartables et nos sandales de cuir brun étaient encore neufs, il n'avaient qu'un trimestre. mais c'était le seul rituel qui n'appartînt qu'à nous, d'aller au marché avant le début de chaque nouveau trimestre, conduit en voiture par Kevin, en baissant les vitres sans avoir à demander l'autorisation à Papa. Aux abords du marché, nos regards s'attardèrent sur les fous à moitié nus qui traînaient autour des dépôts d'ordures, sur les hommes qui s'arrêtaient avec désinvolture pour ouvrir leurs braguettes et pisser dans les coins, sur les femmes qui avaient l'air de marchander bruyamment avec des piles de légumes verts jusqu'au moment où la tête du marchand pointait derrière l'étal.Il avait encore l'air nouveau. Les couleurs de son visage, couleurs du lait concentré et d'un corossol coupé en deux, ne s'étaient pas du tout tannés sous la chaleur intense de sept harmattans nigérians. Et son nez britannique était toujours aussi étroit et pincé qu'au début, ce même nez qui m'avait fait craindre, à l'arrivée du père à Enugu, qu'il ne pût aspirer assez d'air.UN LIVRE VIVANT D'UN PAYS DONT ON NE CONNAIT QUE PEU LES COUTUMES ET LE MODE DE VIE. UN LIVRE A L'ECRITURE POINTUE ET SANS CONCESSIONS. |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 18 Sep - 16:42 | |
| Un grand merci, Sapho , pour ce commentaire détaillé et précis qui donne envie de lire ce premier roman. Cet écrivain a un visage ravissant, ce qui ne gâte rien ! _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Dim 9 Nov - 19:37 | |
| Voilà, j'ai terminé ce beau livre, déjà très maîtrisé alors que son auteur est jeune et qu'il s'agit de son premier roman.J'ai particulièrement apprécié l'absence totale de manichéisme dans une histoire qui aurait pu facilement sombrer dans ce travers. Ainsi, le père, Eugène, est à la fois un tyran violent avec sa femme et ses enfants et un homme généreux qui fait profiter de sa richesse et de ses bienfaits ceux qui l'entourent ; c'est aussi un homme courageux qui tient tête à la junte militaire au pouvoir et défend la démocratie, la liberté de penser et d'écrire par le biais du journal qu'il dirige. Aveuglé par un fondamentalisme forcené, il maltraite sa famille que pourtant il adore, il repousse son père resté « un païen ». Epris de liberté pour son pays, il exerce pourtant sur sa fille en particulier une emprise terrifiante.La narratrice, la jeune Kambili, en adoration devant son père, subit pourtant de sa part des sévices inadmissibles. Elle ne sait pas rire, elle n'ose pas penser, encore moins parler ; et pourtant, elle va avancer sur la voie qui lui fera découvrir son identité d'être unique, de femme en devenir. A travers elle et son frère Jaja, l'auteur déroule un roman d'initiation tout en subtilité. Jaja (17 ans) comprendra avant sa sœur que quelque chose ne va pas dans le mode de vie imposé par leur père. Le frère et la sœur communiquent plus par le regard que par les mots et cela donne lieu à de très jolis passages.Tous les personnages mériteraient une analyse, j'ai noté que l'auteur parvenait à les camper très précisément sans jamais insister ni se lancer dans un discours explicatif. Je pense en particulier à la tante, Ifeoma, une universitaire, veuve, qui élève ses enfants dans la bonne humeur permanente sans rien négliger pour autant de leur éducation : elle représente la joie de vivre, la détermination, l'espoir de tout un peuple qui aspire à s'en sortir et doit pouvoir y parvenir.Un autre aspect du livre est vraiment intéressant, il s'agit d'une foule de détails concernant la nature foisonnante et colorée de ce pays d'Afrique, sa cuisine, ses coutumes ; ils sont d'autant plus bienvenus qu'ils ne paraissent jamais plaqués sur l'histoire mais au contraire contribuent à l'éclairer, en particulier pour souligner la dualité inévitable mais soluble entre héritage ancestral et modernité ou encore les ravages d'une religion mal comprise.Un roman facile à lire et d'une grande richesse. Merci Sapho d'an avoir parlé !
_________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44244 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Dim 9 Nov - 20:58 | |
| je m'apprêtais à recopier soigneusement le nom compliqué de cet auteur sur ma liste lorsqu'il m'a semblé que je l'avais déjà écrit ...... oui, quand Sapho en avait parlé. J'allais le mettre deux fois, ma Nic ! Merci mes mignonnes ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | rotko
Nombre de messages : 195 Localisation : nantes Date d'inscription : 18/03/2014
| Sujet: Chimamanda Ngozi Adichie (Nigeria) Mar 3 Fév - 10:33 | |
| Kambili a quinze ans. Elle vit à Enugu, au Nigeria, avec ses parents et son frère Jaja. Son père, Eugène, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d'une rigueur implacable. Sa générosité et son courage politique en font un véritable héros de sa communauté. Mais Eugène est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l'éducation de ses enfants comme une chasse au péché. Quand un coup d'État vient secouer le Nigeria, Eugène, très impliqué dans cette crise, est obligé d'envoyer Kambili et Jaja chez leur tante. Les deux adolescents y découvrent un foyer bruyant, plein de rires et de musique. Ils prennent goût à une vie simple, et ouvrent les yeux sur la nature tyrannique de leur père. Lorsque Kambili et son frère reviennent sous le toit paternel, le conflit est inévitable.« Sensible et émouvant. » J.M. Coetzée, prix Nobel de littérature |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mar 3 Fév - 11:01 | |
| Bonjour rotko, il y a déjà un fil sur cet auteur et ce livre que nous sommes plusieurs à avoir lu et apprécié. Et toi, ton point de vue ? _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | rotko
Nombre de messages : 195 Localisation : nantes Date d'inscription : 18/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mar 3 Fév - 11:29 | |
| Il faudra donc regrouper les fils, avec mes excuses. Je n'ai pas trouvé vos avis, le mien est très favorable :
La construction de ce roman est particulièrement habile : Kambili raconte d’abord l’incident du Dimanche des Rameaux, (1ère Partie), puis remonte dans le temps (« avant le dimanche des Rameaux »), ce qui constitue la genèse de l’affrontement. La suite est postérieure au Dimanche des Rameaux, et dessine la nouvelle configuration familiale.
La narratrice est la jeune Kambili, très attachée à la figure paternelle, autour de laquelle s’ordonne toute la vie familiale. On ne s’attendrait pas à trouver de l’intégrisme catholique au Nigéria, mais c’est pourtant l’option religieuse du père. Son portrait est à la fois nuancé et progressif, à mesure que la jeune fille prend conscience des « valeurs exemplaires » qui l’animent - et le conduisent à des dérives inquiétantes, voire insupportables.
Kambili suit l’évolution des différents protagonistes, via la confrontation de deux familles parentes, aux comportements très différents : elle ouvre les yeux sur sa propre situation, sur le despotisme sectaire du Père, et sa choquante intolérance.
Pourtant, patron de presse clairvoyant, et industriel avisé et généreux, Eugène, « pur fruit du colonialisme anglais », lutte à la fois contre les menées dictatoriales des individus récemment au pouvoir, il dénonce la corruption, tout en s’appuyant lui-même sur sa propre aisance financière. La réalité nigériane, officielle comme quotidienne, baigne toute l’histoire. Pour Kambili, c’est l’éveil d’une conscience et d’un cœur.
Les lecteurs apprécieront le portrait des différents personnages, l’analyse des situations, et, par dessus l’épaule de la narratrice, suppléeront à ce que Kambili ne dit pas, ou ressent confusément. Le fait religieux et ses pratiques sont au premier plan, et chacun en fera l’analyse qui lui convient.
J’ai dévoré les 400 pages de ce roman, séduit par la richesse de l’intrigue et les qualités littéraires de l’auteur. Son dernier roman « Americanah » reçoit des éloges de toutes parts. |
| | | Suzanne
Nombre de messages : 23447 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mar 3 Fév - 12:30 | |
| C'est vrai qu'il est dans le forum Afrique et que je ne l'avais pas déplacé parce qu'il n'y a que 2 auteurs ! J'ai hésité hier aussi pour une auteure mise en Asie alors qu'elle écrit en français ou anglais je ne sais plus. _________________ ne dit rien/n'ose pas /de peur/de faire malet la mer/se couche à ses pieds comme une bête aimable. |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mar 3 Fév - 15:26 | |
| J'ai ouvert ce fil le 17 septembre avec les commentaires ( voir auteurs africains ) NIC a également posté ses ressentis sur ce même fil . Magnifique livre en effet ROTKO ! |
| | | Suzanne
Nombre de messages : 23447 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mer 4 Fév - 16:34 | |
| J'ai regroupé dans Afrique mais je l'ai aussi rajouté à l'index des livres anglophones. _________________ ne dit rien/n'ose pas /de peur/de faire malet la mer/se couche à ses pieds comme une bête aimable. |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Dim 1 Nov - 19:00 | |
| RESUME Lagos, début des années soixante. L'avenir paraît sourire aux sœurs jumelles : la ravissante Olanna est amoureuse d'Odenigbo, intellectuel engagé et idéaliste ; quant à Kainene, sarcastique et secrète, elle noue une liaison avec Richard, journaliste britannique fasciné par la culture locale.Le tout sous le regard intrigué d'Ugwu, treize ans, qui a quitté son village dans la brousse et qui découvre la vie en devenant le boy d'Odenigbo. Quelques années plus tard, le Biafra se proclame indépendant du Nigeria.Un demi-soleil jaune, cousu sur la manche des soldats, s'étalant sur les drapeaux : c'est le symbole du pays et de l'avenir. Mais une longue guerre va éclater, qui fera plus d'un million de victimes. Évoquant tour à tour ces deux époques, l'auteur ne se contente pas d'apporter un témoignage sur un conflit oublié ; elle nous montre comment l'Histoire bouleverse les vies. Bientôt tous seront happés dans la tourmente. L'autre moitié du soleil est leur chant d'amour, de mort, d'espoir.RESSENTI"L'autre moitié du soleil" est une jolie expression, qui fait référence au symbole qui ornait le drapeau du Biafra, cette république née d'une scission nord-sud au Nigeria et qui ne dura même pas trois ans (1967-1970), s'effondrant au terme d'un atroce conflit. Un clin d'oeil poétique, qui s'avère être aussi un titre parfait pour ce roman de Chimamanda Ngozi Adichie. Un roman tumultueux, où les destins de différents personnages se jettent les uns contre les autres sur fond d'indépendance nigérienne, puis de ce mémorable conflit contre le Biafra. C'est que l'auteur n'a pas seulement le talent d'entrelacer des romances qui se font et se défont, tisser des bouts de vies les uns avec les autres dans toute leur humanité, leur espoir et aspirations, force et faiblesses. Elle donne aussi à voir comment ces vies vont éclater brutalement à cause de l'inhumanité d'une guerre, dont elle étale l'horreur et l'impact sur ses personnages. La guerre du Biafra (1967-1970), triste exemple des haines tribales créées et instrumentalisées par les puissances occidentales, fit plus de deux millions de morts et marqua à jamais les esprits à cause de l'épouvantable famine qu'elle entraina. "L'autre moitié du soleil", sans être un roman historique à proprement parler (la chronologie des évènements n'y est pas respectée) reste un excellent livre qui capture à merveille cette expérience traumatisante, qui fit voler en éclat beaucoup d'idéaux, une histoire que même le Nigeria, encore aujourd'hui, a bien du mal à affronter. Pour se rendre compte de la véritable chronologie de cette guerre, allez voir sur le site : Guerre du Biafra de Wikipédia !CITATIONSL’idée que les tueries récentes seraient le produit d’une haine « séculaire » est trompeuse. Les tribus du Nord et les tribus du Sud sont en contact depuis longtemps ; leurs échanges remontent au moins au IXe siècle, comme l’attestent certaines magnifiques perles découvertes sur le site historique d’Igbo-Ukwu. Il est sûr que ces groupes ont dû également se faire la guerre et se livrer à des rafles d’esclaves, mais ils ne se massacraient pas de cette façon. S’il s’agit de haine, cette haine est très récente. Elle a été causée, tout simplement, par la politique officieuse du « diviser pour régner » du pouvoir colonial britannique. Cette politique instrumentalisait les différences entre tribus et s’assurait que l’unité ne puisse pas se former, facilitant ainsi l’administration d’un pays si vaste.Ugwu aurait bien aimé pouvoir ressentir vraiment de la peine pour le politicien qui avait été tué, mais les politiciens n’étaient pas comme les gens normaux, c’étaient des politiciens. Il lisait des articles sur eux dans le Renaissance et le Daily Times - c’étaient des gens qui payaient des voyous pour tabasser leurs adversaires, qui s’achetaient de la terre et des maisons avec l’argent du gouvernement, qui importaient des armadas de longues voitures américaines, payaient des femmes pour qu’elles bourrent leur corsages de faux bulletins de vote et fassent semblant d’être enceintes -. Quand il égouttait une casserole de haricots bouillis, le mot qui lui venait à l’esprit pour décrire l’évier visqueux était politicien._________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44244 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Dim 1 Nov - 19:17 | |
| je croyais avoir lu l'hibiscus pourpre, mais finalement, non ! toujours pas ! je le remets en tête de ma liste qui est un vrai foutoir !!! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Dim 1 Nov - 19:38 | |
| J'ai lu des avis mitigés sur ce livre mais comme j'avais bien aimé L'Hibiscus pourpre et que toi-même, Sapho, tu l'as apprécié, je le retiens pour une prochaine lecture : merci _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mer 5 Oct - 15:43 | |
| Je viens de terminer je crois, le plus fabuleux livre de cette auteure intitulé : AMERICANAH
« En descendant de l'avion à Lagos, j'ai eu l'impression d'avoir cessé d'être noire. »
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu'on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
À la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d'ombre, Americanah est une magnifique histoire d'amour, de soi d'abord mais également des autres, ou d'un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés sur la race ou le statut d'immigrant, et parcourt trois continents d’un pas vif et puissant.
RESSENTIS
Au premier abord, l’intrigue peut paraître simple : Ifemelu, jeune Nigériane partie poursuivre ses études aux États-Unis est hantée par le souvenir de son premier amour, Obinze. Cet amour perdu devient le fil conducteur du roman, et le couple à reconstruire nous apparaît à travers l’alternance de deux voix narratives distinctes. Entre les aventures de la jeune femme et du jeune homme, des liens se tissent. Ces deux paroles séparées semblent se nourrir l’une de l’autre. Si le parcours d’Ifemelu la mène aux États-Unis, Obinze, lui, passe quelques années à Londres. Il y survit dans la peur et le dénuement qui sont le lot des immigrés clandestins, entre falsification d’identité, travail éreintant et mariage blanc. Le jeune homme est finalement renvoyé dans son pays d’origine. Au thème de l’amour s’ajoute celui de l’exil. Notre jeune Nigériane porte un regard critique, mais non dénué de finesse, sur son nouvel environnement. Ifemelu met en lumière les travers d’une société américaine divisée, multiple, envahie par toutes sortes de distinctions, qu’elles soient politiques, raciales ou sociales. Mais la gravité qui pourrait émerger de ce roman est sans cesse contrebalancée par la vivacité du ton et la veine humoristique du récit. « Americanah » est un terme employé au Nigéria pour désigner les habitants revenus transformés de leur séjour aux États-Unis. À la réflexion sur l’identité américaine collective se mêle donc une interrogation sur la propension de l’individu à devenir autre, dès lors qu’il est éloigné de ses racines. La force de ce roman, c’est de proposer une réflexion sur la complexité des identités tant individuelles que collectives. Dans son rapport aux lieux et à l’autre, l’individu apparaît en perpétuelle reconstruction. Americanah résonne donc comme l’affirmation de la dimension complexe et mouvante de ces identités, mais aussi et surtout comme une invitation à l’ouverture d’esprit, à l’adoption d’un regard curieux et intéressé sur le monde qui nous entoure.
_________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Mer 5 Oct - 15:49 | |
| _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44244 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 6 Oct - 8:45 | |
| Très riche commentaire, ma Sapho ! et qui donne envie de lire ce livre ! merci ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 6 Oct - 12:16 | |
| _________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44244 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 6 Oct - 12:17 | |
| en tout cas, je l'ai noté ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 6 Oct - 12:21 | |
| Citations Parfois les gens ont seulement envie d'être entendus.Nous apprenons aux filles à se diminuer, à se sous-estimer.Nous leur disons : Tu peux être ambitieuse, mais pas trop. Tu dois viser la réussite, mais pas trop. Tu dois viser la réussite sans qu’elle soit trop spectaculaire, sinon tu seras une menace pour les hommes. Si tu es le soutien de famille dans ton couple, feins de ne pas l’être, notamment en public, faute de quoi tu l’émasculeras.De nombreux abolitionnistes souhaitaient libérer les esclaves mais ne voulaient pas voir des Noirs vivre dans leur voisinage. Beaucoup de gens aujourd’hui acceptent volontiers d’avoir une nounou noire ou un chauffeur noir. Mais soyez assurés qu’ils n’ont pas envie d’avoir un boss noir.Le racisme n’aurait jamais dû naître, par conséquent n’espérez pas recevoir une médaille pour l’avoir réduit. _________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44244 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Chimamanda Ngozi ADICHIE Jeu 6 Oct - 12:42 | |
| De nombreux abolitionnistes souhaitaient libérer les esclaves mais ne voulaient pas voir des Noirs vivre dans leur voisinage. Beaucoup de gens aujourd’hui acceptent volontiers d’avoir une nounou noire ou un chauffeur noir. Mais soyez assurés qu’ils n’ont pas envie d’avoir un boss noir.Et....... encore moins un Président ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | | Chimamanda Ngozi ADICHIE | |
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