La Clef des Champs Forum d'amitié |
| | François CHENG | |
| | Auteur | Message |
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Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: François CHENG Dim 21 Sep - 16:08 | |
| BiographieNé le 30 août 1929, en Chine, François Cheng est issu d’une famille de lettrés et d'universitaires — ses parents comptaient parmi les premiers étudiants boursiers envoyés aux États-Unis. Études secondaires à Chongqing de 1937 à 1945. La guerre terminée, la Chine sombre peu après dans la guerre civile qui jeta la jeunesse dans le désarroi ou la révolte. Après un temps d'errements, il entre à l'Université de Nankin. Début 1948, son père participe, en tant que spécialiste des sciences de l'éducation, à la fondation de l'UNESCO, grâce à laquelle il peut venir en France. Il se consacra à l'étude de la langue et de la littérature françaises. Il dut cependant traverser une assez longue période d'adaptation marquée par le dénuement et la solitude avant d'obtenir en 1960 un emploi stable au Centre de linguistique chinoise (devenu plus tard le Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale à l'École des hautes études en sciences sociales). Parallèlement à son travail, il s'est employé à traduire les grands poètes français en chinois et à rédiger sa thèse de doctorat. En 1969, il a été chargé d'un cours à l'Université de Paris VII. À partir de là, il mènera de front l'enseignement et une création personnelle. Il sera naturalisé français en 1971. En 1974, il devient maître de conférences, puis professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales, tandis que ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, d'essais sur la pensée et l'esthétique chinoises, de monographies consacrées à l'art chinois, de recueils de poésies, de romans et d'un album de ses propres calligraphies. Il se verra attribuer le prix André Malraux pour Shitao, la saveur du monde, le prix Roger Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double chant, le prix Femina pour son roman Le Dit de Tianyi et le Grand prix de la Francophonie pour l'ensemble de son œuvre. Docteur honoris causade l’université de Bergame (Italie) et de l’Institut catholique de Paris (2007). Il a été élu à l'Académie française, le 13 juin 2002, au fauteuil de Jacques de Bourbon Busset (34efauteuil). LIVRE LU : L'ETERNITE N'EST PAS DE TROP Au XVIIe siècle, à la fin de la dynastie Ming - époque de bouillonnement et de bouleversement où l'Occident même était présent avec la venue des premiers missionnaires jésuites en Chine -, dans un monastère de haute montagne, un homme qui n'a pas encore prononcé ses vœux se décide à quitter ce lieu de paix et de silence pour retrouver, trente ans après, la seule femme qu'il ait jamais aimée. Un roman d'envoûtement et de vérité, récit d'une passion - celle d'un Tristan et Iseult chinois avec ses codes et ses interdits aussi précis que stricts - qui n'est pas seulement affaire de cœur et des sens, mais engage toute la dimension spirituelle de l'être, ouvrant sur le mystère de l'univers et le transfigurant.
L’éternité n’est pas de trop est un roman riche, manifestement érudit mais sans pédanterie aucune. Les personnages sont bien campés, leurs histoires racontées avec finesse et délicatesse. La dynastie Ming est sur le déclin : la Chine vit une période troublée où le système politique, administratif, social vacille. Pourtant, les traditions demeurent présentent. Enfermement des femmes, conventions sociales, importance des pratiques religieuses, hermétisme des castes, toute-puissance des riches et des bien nés. Importance aussi des fêtes qui se succèdent, marquant l’année de leurs rites et de leurs retrouvailles. Elles sont particulièrement importantes pour les deux amants puisqu’elles symbolisent leur amour impossible sur cette terre.
J’ai aimé la description de la philosophie bouddhique et taoïste, celle de la médecine chinoise. Quant à la réflexion sur la rencontre des cultures, l’acceptation de l’altérité, elle est passionnante : la rencontre du moine taoïste et du jésuite donne lieu à une discussion assez profonde sur le spirituel, l’amour, le salut. L’amour qui uni les deux héros, à défaut de pouvoir être charnel devient purement spirituel. Il est une quête, une réflexion permanente, une lutte pour l’acceptation.
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: François CHENG Dim 21 Sep - 16:38 | |
| Merci Sapho. Comme toujours, tu nous offres en partage un commentaire sensible de ta lecture. Après cela, j'ouvrirai ce livre avec d'autant plus de plaisir car j'apprécie beaucoup François Cheng, cet auteur, ce sage, ce poète, comment faut-il l'appeler ? Je relis souvent les premières lignes de Cinq méditations sur la beauté (un essai de 2006) : - Citation :
- En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu'à l'opposé du mal, la beauté se situe bien à l'autre bout d'une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l'univers vivant : d'un côté, le mal ; de l'autre, la beauté. Ce qui est en jeu n'est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté.
J'aime aussi celles-ci, tirées de la Quatrième méditation : - Citation :
- [La beauté] comporte la prise en charge de la douleur du monde, l’extrême exigence de dignité, de compassion et de sens de la justice, ainsi que la totale ouverture à la résonance universelle. Cette exigence et cette ouverture impliquent, de la part de celui qui cherche à creuser en lui sa capacité à la réceptivité et à l’accueil, au point de devenir «le « ravin du monde », de se laisser brûler par une intense lumière.
_________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: François CHENG Dim 21 Sep - 19:36 | |
| extrait du livre : L'ETERNITE N'EST PAS DE TROP " N'est-ce pas possible de changer la manière de voir les choses? Par exemple, ne plus prendre l'examen mandarinal comme critère. Après tout, cet examen-là ne vient pas d'un décret du Ciel; il est le fait des hommes. Il y a là-dedans plein de conventions figées, sans parler d'inévitables abus. J'espère ne pas vous offusquer en disant que vos poèmes, composés selon les règles imposées, ne sont pas tellement bons. Par contre, d'autres, qui vous sont venus comme ça, spontanément, eh bien, ils me touchent énormément! On sent quelque chose qui vous est unique; un don du ciel, quoi!. C'est aussi précieux, croyez-moi , que la beauté chez la femme ". |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: François CHENG Dim 21 Sep - 23:43 | |
| - Citation :
- J'espère ne pas vous offusquer en disant que vos poèmes, composés selon les règles imposées, ne sont pas tellement bons. Par contre, d'autres, qui vous sont venus comme ça, spontanément, eh bien, ils me touchent énormément! On sent quelque chose qui vous est unique; un don du ciel, quoi!. C'est aussi précieux, croyez-moi , que la beauté chez la femme ".
Voilà une réflexion pour Ysou et Marie, nos poètes du forum, ô combien spontanées ! _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | BRIe
Nombre de messages : 37555 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: François CHENG Lun 22 Sep - 17:43 | |
| Merci Sapho |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20554 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: François CHENG Lun 20 Fév - 14:42 | |
| LIVRE LU : DE L'AME « Lorsque j’ai reçu votre première lettre, chère amie, je vous ai répondu immédiatement. Avoir de vos nouvelles plus de trente ans après m’a procuré une telle émotion que ma réaction ne pouvait être qu’un cri instantané. Votre deuxième lettre, que j’ai sous les yeux, je l’ai gardée longtemps avec moi, c’est seulement aujourd’hui que je tente de vous donner une réponse. La raison de ce retard, vous l’avez sans doute devinée, puisque votre missive contient une singulière requête : “ Parlez-moi de l’âme ”… Votre phrase : “Sur le tard, je me découvre une âme ”, je crois l’avoir dite à maintes reprises moi-même. Mais je l’avais aussitôt étouffée en moi, de peur de paraître ridicule. Tout au plus, dans quelques-uns de mes textes et poèmes, j’avais osé user de ce vocable désuet, ce qui sûrement vous a autorisée à m’interpeller. Sous votre injonction, je comprends que le temps m’est venu de relever le défi… »
Il faudra lire DE L'AME plusieurs fois car ce texte d’une très haute tenue et d’une rare densité, se trouve à la portée d’un très large public ; on peut l’aborder en toute tranquillité : François Cheng s’empare de l’attention de son lecteur dès les premières pages puis le fait cheminer à ses côtés avec une infinie délicatesse et tant d’intelligence !
Les concepts abondent, la culture est immense (voir la troisième lettre sur les grandes traditions spirituelles, la sixième consacrée à Simone Weil, etc.), les citations et les références artistiques sont nombreuses... Comment pourrait-on résumer la belle méditation de François Cheng sans verser dans une réduction inadéquate qui non seulement abîmerait le livre mais n’engagerait pas à le lire alors que le but de cette compilation de 7 lettres vise l’opposé : que ce livre soit lu par le plus grand nombre car ses perspectives sont immenses, de l’ordre du salut public face aux dangers d’une monde sans âme ? Sans état d’âme non plus. Cheminons aux côtés de François (sa dernière lettre est signée de son seul prénom), cahin-caha certes, mais confiants : c’est un guide épatant, on ne peut plus clair même lorsqu’il manie des concepts qu’on croyait inaccessibles. Ce livre riche d’enseignements refermé, on ne ressentira aucun vague à l’âme, mais une immense joie à la pensée d’un possible dépassement de notre enveloppe charnelle en vue de tendre vers davantage de vie intérieure, vers cette âme, trop souvent négligée, qui fait de chacun de nous un être unique et irremplaçable.
_________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28220 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: François CHENG Lun 20 Fév - 15:29 | |
| _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44244 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: François CHENG Lun 20 Fév - 17:36 | |
| Citation :J'espère ne pas vous offusquer en disant que vos poèmes, composés selon les règles imposées, ne sont pas tellement bons. Par contre, d'autres, qui vous sont venus comme ça, spontanément, eh bien, ils me touchent énormément! On sent quelque chose qui vous est unique; un don du ciel, quoi!. C'est aussi précieux, croyez-moi , que la beauté chez la femme ".Voilà une réflexion pour Ysou et Marie, nos poètes du forum, ô combien spontanées !! Je n'avais pas lu ça, ma Nic et ma Sapho! J'ai raté cet auteur ! je n'ai pas vu ta réflexion, Nic ! quel beau compliment avons nous eu là je lirai donc Cheng, vous en parlez si bien ! et depuis quelques temps, je manque singulièrement de poésie...... je n'écris même plus .... à part dans ma tête, et rien ne reste de ces poussières de pensées. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | | François CHENG | |
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