Paola Pigani est née en 1963 de parents italiens émigrés en Charente. Adolescente, elle y côtoie des familles de gitans et en particulier une femme qui lui inspirera le personnage d'Alba. Une vieille photo et des bribes de souvenirs confiés par les descendants de cette femme guideront l'écriture de ce premier roman (soutenu par une bourse d'aide à la création de l'ARALD en 2011). Poète, nouvelliste, elle obtient en 2006 le prix Prométhée de la nouvelle pour le recueil Concertina paru aux éditions du Rocher. Elle vit aujourd'hui à Lyon où elle partage son temps entre l'écriture et son travail d'éducatrice.
note de Librairie Dialogue.dialogue.fr
En une vingtaine de chapitres, conçus comme autant de tableaux dans un temps suspendu, Paola Pigani raconte comment Alba devient femme malgré les ténèbres, comment elle et les siens ont pu aimer, enfanter, travailler au milieu de la folie des hommes. Avec pudeur et grâce, ce premier roman aborde une page méconnue de l’histoire française et compose un vibrant hommage à la communauté manouche.
En 1940, Alba est une jeune fille de quatorze ans. Sa famille vit du théâtre ambulant aux alentours de Saint-Jean d'Angely, en Charente maritime. Les contrôles d'identité se resserrent et en avril un décret interdit la circulation des nomades en temps de guerre. Bientôt, la Kommandantur exige que tous les tsiganes de la région soient rassemblés sous la surveillance de la police française. Avec des centaines d'autres, épuisée par des heures de marche, Alba franchit en novembre le portail du camp d'internement des Alliers, au sud d'Angoulême.
Elle est loin de s'imaginer qu'elle vivra là six longues années, entre l'horreur et la soif de vivre. En vingt-cinq courts chapitres, conçus comme autant de tableaux dans un temps suspendu, Paola Pigani raconte comment Alba devient femme malgré les ténèbres, comment elle et les siens ont pu aimer, enfanter, travailler au milieu de la folie des hommes.
Mon avis
On ne peut rester indifférent aux conditions de vie misérables qui ont été faites à ceux que l’on a appelés Manouches, tziganes, romanichelles. Parqués dans des camps comme des bêtes, à peine nourris ayant tout perdu sauf leur dignité tout simplement parce qu’ils étaient « gens du voyage » Ils ont survécu tant bien que mal et ont été les derniers libérés quand la guerre s’est enfin terminée. Leur faute ? ne pas vivre comme « tout le monde » L’auteure a romancé un peu la vie d’Alba mais si peu, que nous ne pouvons que dire : respect à tous ces oubliés et égarés de cette guerre.
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Sujet: Re: Paola PIGANI Ven 19 Déc - 19:37
j'ai lu ce livre et je suis d'accord avec toi, on ne peut rester indifférent.
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Sujet: Re: Paola PIGANI Ven 19 Déc - 20:21
oui Odelette surtout qu'en fait c'es tune tranche d'hissoire que l'on ne nous a pas beaucoup apprise !
le lémurien
Nombre de messages : 44331 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
Sujet: Re: Paola PIGANI Ven 19 Déc - 20:39
c'est vrai, on ne nous a pratiquement rien dit sur ce que les "gens du voyage" avaient subi. Il y a parfois de sacrés trous dans l'histoire...... je le lirai. Merci Marie.
_________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
rotko
Nombre de messages : 195 Localisation : nantes Date d'inscription : 18/03/2014
Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 7:30
N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures
1/2
le début me plaît beaucoup, je préfère le dire dès maintenant de crainte d'un changement vers le milieu du livre, j'y reviendrai.
Nicyrle a bien présenté le contexte de l'enfermement des tziganes sous le régime de Vichy, et on vit le drame avecles yeux d'Alba, un e jeune fille qui passe de la préadolescence à l'adolescence. Au départ, la sourde angoisse des adultes n'atteint pas les enfants qui jouent sur le trajet des camps sans trop saisir le sens du convoi vers les Alliers, le camp près d'angoulême.
Pourtant les questions surgissent, même chez les enfants ;
Citation :Pourquoi ce rassemblement sans fête ? pourquoi ici, loin des forêts, loin des vignes et des rivières ? pourquoi moins de cris, moins de chants, moins de pagaille ? Les réalités du camp seront dures à avaler, surtout pour des gens épris de liberté cantonnés dans des logements insalubres. Ils perçoivent bien que, plus que les prétendus objectifs de la défense nationale, il s'agit de les mettre au pas :
Citation :"Les objectifs secondaires de l'internement sont de leur apprendre à vivre comme tout le monde, d'abandonner leurs rites, leurs vices, d'adopter des règles d'hygiène, d'éduquer les enfants, de les faire travailler afin qu'ils ne soient pas à la charge entière de l'Etat". de très belles scènes deviennent alors symptomatiques d'une vie qui bascule : la mort du cheval, la naissance d'un enfant dans de mauvaises conditions...
C'est là que le lecteur saisit le contraste entre ces roulottes - bien inoffensives, et par exemple les convois allemands, bien motorisés, mais si néfastes dans leurs actions et leurs objectifs.
On pense aussi à l'accueil que font les internés du camp à de nouveaux arrivants, avec une générosité ou une acceptation bien éloignées des administrations françaises, si soucieuses d'humanité et d'éducation !
Des passages serrent le coeur, sans tomber dans des tons larmoyants : c'est l'imagination des enfermés, ils rêvent de voyage et de bonheur dans la nature, ou ce couplet poétique pour la fin d'un enfant :
Citation :Le petit roi a perdu ses sabots, ne peut marcher ni sur terre ni dans l'air. il finit par s'éteindre aux confins du chagrin et de la faim. Parvenu dans un monde peuplé de têtes de pierre.
rotko
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Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 7:35
N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures
2/2
Ce que j'appelle la 2e partie m'a paru moins réussie, avec le personnage de Mine et des intrigues amoureuses, pourtant rayons d'espoir dans un univers très sombre:
Citation :Mine entonne "Gentils coquelicots mesdames". Le curé suggère un chant d'église [...] Les gamins ne connaissent que le refrain de Mine. Mais elle chante seule. ils ne veulent pas s'encorder à sa voix, avancer dans le sillage d'une femme, qui plus est une gadji. On comprend bien pourquoi des minorités, objets d'un rejet, se replient sur elle-mêmes, animées par une juste défiance. L'accusation d' "esprit communautariste" est particulièrement mal venue de la part des responsables d'une ségrégation et d'un criminel ostracisme. on pense au film Liberté de Tony Gatlif et à la si belle chanson de Catherine Ringer
le lémurien
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Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 8:03
Rotko a écrit:
Citation :Le petit roi a perdu ses sabots, ne peut marcher ni sur terre ni dans l'air. il finit par s'éteindre aux confins du chagrin et de la faim. Parvenu dans un monde peuplé de têtes de pierre.
si beau et si poétique ce couplet !
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Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 9:36
sympa merci Rotko
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Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 9:43
je mets ici les paroles de cette chanson
Paroles de Catherine Ringer Si quelqu’un s’inquiète de notre absence, Dites-lui qu’on a été jeté Du ciel et de la lumière, Nous les seigneurs de ce vaste univers Ils ont laissé leurs chaussures Au bas des murs baxtalo les autres Les bohémiens, les bohémiens, Nous les seigneurs de l'univers Si quelqu’un s’inquiète de notre absence, Dites-lui qu’on a été jeté Du ciel et de la lumière, Nous les seigneurs du vaste univers Hier, demain, n'existe pas deja la deja la Ni les anges, ni Dieu, n'existent plus Si quelqu’un s’inquiète de notre absence, Dites-lui qu’on a été jeté Du ciel et de la lumière, Nous les seigneurs du vaste univers A force de xxxx Ils sont partis pieds nus là-bas, Là où les anges, les dieux n'existent plus
Si quelqu’un s’inquiète de notre absence, Dites-lui qu’on a été jetés Du ciel et de la lumière, Nous les seigneurs de ce vaste univers
le lémurien
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Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 9:58
très beau texte, merci Marie !
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Nicamic
Nombre de messages : 28364 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 10:27
J'ai lu ce livre et j'en avais parlé, me semble-t-il sur Grain de sel* Il m'avait beaucoup plu. Comme le dit Rotko, la 2e partie semble moins réussie mais il s'agit d'un premier roman, on peut donc être indulgente pour une romancière qui, globalement, promet. J'apprécie son écriture, dont voici quelques échantillons :
« L’idée de la guerre s’enfonce en eux, alourdit leurs pas. Ils sont tous Français. Une identité qui prend la couleur et le poids de la honte. »
« Louis pense à Jean. Lui aussi a traversé le drap blanc de ses chimères. Il a suffi d’un geste d’amitié, creuser la terre, creuser la frontière entre la nuit et la liberté. Il ignore si Jean a choisi la liberté en fuyant ».
« Les arbres sont comme les hommes. Tous se valent mais ils n’ont pas la même manière de s’élever, d’aller toucher le ciel".
« Les femmes au village, à chaque fois qu’elles la croisent, regardent ses bébés comme des petits cochons à faire taire. Elle ne leur dit pas qu’elle est encore en espoir. Elles lui parleraient de péché et de rendez-vous avec la misère. Elles ne comprendraient pas que les ventres énormes des bohémiennes endiguent la misère et la mort. Si les enfants grimpent sur eux, c’est pour regarder la vie d’en haut ».
Touchant, ce texte de Catherine Ringer. Merci, Marie.
_________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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Sujet: Re: Paola PIGANI Sam 20 Déc - 11:15
Oui Nic tu en avais parlé sur GDS
du moins je crois quand j'ai vu le titre ça m'a interpellée. Et Rotko en parle aussi donc deux raison d'avoir envie de le lire ce que j'ai fait !
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Sujet: Re: Paola PIGANI
Paola PIGANI
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