Si nous avons conscience d'être exposés quotidiennement à diverses sources de pollution, on sait moins que notre chez soi en renferme également une multitude. Malgré un intérêt croissant, on discerne encore mal les différents facteurs à l'origine de la pollution de l'air intérieur. Forts de ce constat, le ministère de la Santé et l'Inpes (1) ont mis à la disposition de tous un « guide de la pollution de l'air intérieur », téléchargeable gratuitement sur un site Internet dédié, détaillant les réflexes à prendre au quotidien pour réduire notre exposition aux nombreux polluants qui peuplent nos intérieurs.
Inutile cependant de chercher bien loin, les polluants qui nous empoisonnent le quotidien sont tout proches de nous. Décrit comme « le premier polluant présent dans les logements », le tabac est une des causes de la dégradation de l'air intérieur. En ce sens, le guide déconseille fortement de fumer à l'intérieur, même si l'on veille à ouvrir les fenêtres. En effet, en partie absorbés par les rideaux, tissus et moquettes, les composants de la fumée sont relâchés plus tard dans l'air. Responsable de cancers du poumon, de maladies cardiovasculaires, d'asthme et d'allergies, le tabagisme passif causerait le décès d'environ 5 000 personnes chaque année.
Gaz inodore, invisible, non irritant mais mortel, le monoxyde de carbone appelle également à la plus grande vigilance. Généré par la combustion incomplète issue d'un appareil défectueux utilisant une énergie combustible (bois, charbon, gaz, essence, fuel, éthanol), il agit comme un gaz asphyxiant, en prenant la place de l'oxygène dans le sang, et provoque maux de tête, nausées, coma, voire le décès. Près de 5 000 personnes sont victimes chaque année en France d'une intoxication au monoxyde de carbone et une centaine y succombe.
Moins connu, le radon est un gaz d'origine naturelle, inodore et radioactif. Il provoquerait chaque année, en France, entre 1200 et 2900 décès par cancer du poumon. Provenant du sous-sol, il s'infiltre dans les habitations par le sol et s'accumule dans les espaces fermés. Les concentrations les plus fortes de ce polluant s'observent majoritairement en Auvergne, dans le Limousin, en Franche-Comté, en Corse ou encore en Bretagne. Si l'on se situe dans une zone à risques, un instrument, appelé « dosimètre », permet de mesurer la présence de radon dans l'air.
A ces multiples facteurs, s'ajoutent d'autres éléments nocifs sur lesquels il est plus facile d'agir. En effet, s'il est recommandé d'aérer son logement au minimum dix minutes par jour, hiver comme été, le meilleur moyen de réduire la pollution intérieure est encore d'agir à la source. Or, cette source possède de multiples visages : produits de bricolage (peintures, colles, solvants, vernis, cires, décapants…), produits d'entretien ménagers, désodorisants d'intérieur, bougies parfumées et encens, produits de jardinage ou d'entretien des plantes d'intérieur, produits cosmétiques et produits d'hygiène… Si la solution idéale est de privilégier les alternatives naturelles, telles que le vinaigre blanc pour l'entretien de la maison, il faut du moins réduire au strict nécessaire l'utilisation de produits chimiques.
Une humidité excessive peut également s'avérer un facteur aggravant, en provoquant l'apparition de moisissures potentiellement allergènes et toxiques. Aussi, est-il nécessaire de ventiler une pièce dans laquelle on a pris une douche, cuisiner ou fait sécher du linge.
En complément de l'ouverture quotidienne des fenêtres, un soin particulier doit être porté à la ventilation de son foyer, qu'il s'agisse de l'entretien des bouches et des grilles d'aération ou du système électrique de renouvellement automatique et continu de l'air. Simples à mettre en application, ces précautions assurent un meilleur confort de vie au cours des 14 heures quotidiennes que l'on passe en moyenne à son domicile.
Cécile Cassier
1- Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé