Nicolas CLÉMENT

Nicolas Clément, sauf les fleurs, chez Buchet Chastel. 100 p

C’est une fillette qui parle directement au lecteur, comme dans un journal. Marthe raconte sa vie à la ferme, son affection pour sa mère et son frère cadet, la froideur et la brutalité du père. Au lecteur de découvrir par lui-même le drame qui sous-tend ce récit.

Car il s’agit d’un drame, exposé « classiquement », avec un préambule, pour une tragédie en 5 actes :  ie les chapitres qui prennent chacun un titre : 
« notre ferme », « Florent », «  L’adieu » etc. 
A chaque chapitre (ou Acte) correspond un âge de Marthe, clausule de l’épisode : « j’ai 12 ans, 16ans » etc.

Sans doute reconnaît-elle  dans son vécu, par cette organisation, ce qu’elle découvrira chez Eschyle, dès l’école primaire.

Le style est concis  - et dense, comme l’action est intense : pas de subordonnées, mais des  indépendantes brèves, juxtaposées, dont la sobriété s’éclaire souvent de confidences affectueuses, d’élans  d’amour - ou de haine.

«Je l’embrasse  avec mes mains, il me caresse avec sa bouche,[…] Nous fumons des Dunhill, nous brisons des glaçons sur nos ventres, nous lapons la fièvre faite hiver. Je l’aime ours, je l’aime un peu polaire, des yeux de course en lignes blanches, un sexe qui fait le vide en moi et me joue comme il faut. Je ferme les yeux. Il entre par ma porte. Je pense à Maman qui dort seule. Je donnerais toute ma vie pour avoir une vie. »

Car l’auteur soigne la langue, celle qui révèle les personnes : les phrases courtes du père, porteuses d’ « ordres et martinets », les demandes des animaux ( le chien, la vache), si souvent empathiques dans  le ferme, la langue de l’école, nourrie des livres que fréquentent respectivement l’institutrice et la narratrice, celle qui donne aux mots leur plein sens, dans le respect du dictionnaire…

 Au point qu’à Baltimore, Marthe devient excellente dans la traduction des œuvres grecques.  C’est aussi la langue intérieure de Marthe, son monologue pour pensées personnelles, avec silences, et déclarations abruptes. Parfois un seul verbe, entre deux points.

« Disparaître. »

Le lecteur sera sensible aux métaphores, (le puits, le naufrage…), à une écriture concentrée qui vise au cœur comme  à l’essentiel,  pour  dire un vécu violent, sans pathos. La jeune fille écrit pour elle, et pour un lecteur qui apprécie cette marque de confiance, et cette écriture poétique.

CRITIQUE:

  "Un gros coup de cœur de cette rentrée littéraire… Un premier roman bouleversant, magnifique, essentiel… Tout ça en 75 pages. Mince, il est fort ce Nicolas Clément.
 
 

Je retiens. Merci rotko pour l'info.

idem je note 

Faut que je le lise !   Merci Rotko et Sapho !

Rotko a écrit:

Car l’auteur soigne la langue, celle qui révèle les personnes : les phrases courtes du père, porteuses d’ « ordres et martinets », les demandes des animaux ( le chien, la vache), si souvent empathiques dans  le ferme, la langue de l’école, nourrie des livres que fréquentent respectivement l’institutrice et la narratrice, celle qui donne aux mots leur plein sens, dans le respect du dictionnaire…

 Au point qu’à Baltimore, Marthe devient excellente dans la traduction des œuvres grecques.  C’est aussi la langue intérieure de Marthe, son monologue pour pensées personnelles, avec silences, et déclarations abruptes. Parfois un seul verbe, entre deux points.

Sapho a écrit:

Il m’est difficile de parler de ce roman. L’écriture de Nicolas Clément est une vraie révélation, chaque phrase est ciselée comme un bijou précieux, alliant à la perfection la finesse à l’éclat. On se laisse porter par les mots, ébahis par tant de virtuosité, peu habitués, il faut bien le dire, à tant de beauté…

Bon ! si je ne le trouve pas rapidement en bibliothèque, je l'achète !
vous êtes très convaincants, Sapho et Rotko !

Nicolas Clément
« sauf les fleurs » 
 
Je viens de terminer ce  petit  ouvrage et  je dois avouer qu’il m’a  surprise pour plusieurs raisons.
 L’écriture est différente de  la traditionnelle. Je m’explique Clément fait fi des règles élémentaires de grammaire : un nom un verbe un complément direct. A  plusieurs reprises, ces  phrases sont  construites différemment ce qui donne une puissance des  mots  sans doute  plus forte.
L’histoire est  bouleversante de simplicité  mais  surtout la mise en écriture de  cet auteur est extraordinaire de  pureté de poésie .
Une nouvelle façon d’écrire sans aucun doute  mais  qui donne au lecteur  un gout de  perfection qui n’est  pas à négliger !

Bravo Nicolas Clément. 

Marie, ce que tu rajoutes me met l'eau à la bouche : il me le faut !

A moi aussi ! je note !

oh ! je l'avais déjà noté, Rotko et Sapho en parlaient aussi plus haut !

hé bé ça y est, je vais l'avoir : je l'ai retenu à la bibliothèque il y a qq temps et je viens de recevoir un mail : il est à ma disposition.
Je mets du temps parfois à avoir un livre que j'ai noté, mais quand je regarde ma liste ... longue comme un jour sans pain ! je vois qu'il y en a pas mal de barrés (lus).

je l'ai lu hier dans l'après midi. Un pur moment de bonheur.
Il a une écriture incroyable, j'avais envie de manger ses phrases tant elles étaient belles. Merci encore ton Excellence, tu me démontres une fois de plus, s'il en était besoin, que tu nous conseilles des livres étonnants, intéressants et très beaux.
Oui ma Sapho, je te suis de près lorsque tu dis qu'il est difficile d'en faire un compte rendu. Mais je vais essayer cet après midi.

Nic et Arun, trouvez le vite ! il est si beau !

Je vais essayer !

et moi, je vais essayer aussi de donner mon ressenti ... et j'ai tellement "ressenti" que je ne sais par quel bout commencer !

SAUF LES FLEURS

C'est un récit terrible ! la violence y est omniprésente, les mots vous atteignent comme des pierres !.... pourtant, cette écriture très particulière n'est que poésie, une écriture véritablement mélodieuse. Les mots, les verbes volontairement isolés, sans construction de phrase forment un récit haletant où l'on sent la peur, la souffrance, la révolte et la honte.
Nicolas Clément est véritablement une voix nouvelle dans la littérature ! une sorte d'OVNI magnifique !
Marthe parle avec force mais d'une voix fragile, à la limite de l'épuisement, une voix poétique et nue, on a envie de tout noter, en vrac, comme me viennent ces impressions et comme je les livre. 
Florent "qui recoiffe" son cœur bouleversé,
"car je voudrais que Maman soit belle sans attendre mes mains, que tous voient ce que je vois, la source de mon or, l'épine qui me guide, son beau visage de travailleuse."
"je n'arrive pas à parler de papa qui fauche notre enfance, fouette nos lèvres, crache sur Sony et revient se moucher dans nos vies, le premier qui se sauve marque une maman"
"Aujourd'hui, c'est la grève de la douleur, sans préavis"

Oh ! et puis moi j'ai envie de tout recopier de ce livre, il faudra que je le rende au ventre de la bibliothèque et je me sentirai pauvre d'un coup ! sans ces mots bousculés, ces phrases à relire pour s'imprégner encore de leur beauté pleine de courage...
je vais m'acheter ce livre pour y  re trouver ces fleurs, cette désespérance chaque jour rapiécée par des mots comme des pierres précieuses, cette chaleur des animaux consolants, cette écriture comme un filon d'or dans cet océan de livres toujours pareils.

Quand va t il écrire un autre récit de la même eau courante et pure ?

Beaux ressentis mon YSOU

Oui cela me donne envie de le lire. Demain matin je vais en ville. Peut-être reviendrai-je avec ...

je vais l'acheter, mon Arun, il me plait tellement ! un vrai coup au plexus et le cœur tremblant.....

rappelez-moi le sens du titre ...

"je m'en vais tout effacer, sauf les fleurs" de Samuel Bekett
c'est ça, ton Excellence ?

allo !.... ton Excellence ..... c'est ça ? ou pas ?

rotko a écrit:

rappelez-moi le sens du titre ...

 dans la vidéo que nous a mise Sapho, l'auteur l'explique très bien. Je suppose que tu l'as écoutée? si non fais-le  tu auras la réponse  à ta question (et nous aussi  ) car sans  l'avoir écoutée de nouveau cette bande, j'aurais eu du mal à répondre  à cette question.

"et maintenant, je m'en vais tout effacer, sauf les fleurs" citation de Samuel Bekett dont à parlé Nicolas Clément dans une interview que  j'avais écoutée sur Google avant que je n'ai lu le livre. je ne sais plus où j'ai écouté l'interview ?....