Nicolas Mathieu Aux animaux la guerre (polar)

Et un polar, à lire la nuit quand souffle le grand vent froid  !



chez Actes Sud Editions 
Collection : Actes noirs. 

360 pages.



Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s'en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n'ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta. Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n'ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Epinal et Nancy. Une fille, un Colt 45, la neige, à partir de là, tout s'enchaîne. Aux animaux la guerre, c'est le roman noir du déclassement, des petits Blancs qui savent désormais que leurs mômes ne feront pas mieux et qui vomissent d'un même mouvement les patrons, les Arabes, les riches, les assistés, la terre entière. C'est l'histoire d'un monde qui finit. Avec une fille, un Colt .45, la neige.

je l'ai lu, car il était recommandé par jean-Bernard Pouy (Jibé ;-))

LE JOURNAL LE MONDE

Chronique de Yann Plougastel


Dans les Vosges, il y a des usines qui ferment. Et des prolos qui n'ont pas peur de la castagne. A partir de cette trame, Nicolas Mathieu a écrit un des meilleurs romans noirs de l'année. On sent l'influence de grands anciens comme Jean-Patrick Manchette et Thierry Jonquet chez ce trentenaire qui restitue l'époque à travers une intrigue pleine de plaies et de bosses. En osant une construction polyphonique complexe, qui permet de se glisser dans la peau de Martel, délégué syndical le jour, marlou la nuit, de Rita, rugueuse inspectrice du travail, de Victoria, pierreuse sur les trottoirs de Strasbourg, de Pierre, ancien militant OAS, Nicolas Mathieu attrape d'emblée le lecteur par le colback et le mène par le bout du nez jusqu'à une fin pétrie d'empathie. Les personnages d'Aux animaux la guerre prennent de sacrés coups. Mais ils persévèrent.

Meilleur polar français de l'année d'après les critiques.......à suivre !

Merci ROTKO

bien , merci Sapho ! j'y vais donc de mon petit couplet 

 Nicolas Mathieu  Aux animaux la guerre

  chez Actes Sud Editions 
Collection : Actes noirs. 360 pages


La glissade et la déglingue .

Le ton est donné : des types prêts à tout, qui jouent leur propre partition dans les chaos de société. On commence en Algérie, on se retrouve dans les Vosges, des années plus tard, sans échapper à son milieu,  à ses pratiques expéditives,  à ses petites débrouilles. 

Impossible de résumer ce récit foisonnant , il regorge d’une multitude d’histoires : chaque chapitre  porte un prénom, et les personnages se rejoignent, se côtoient, le nez dans le guidon et ses petites affaires.

Sur fond de fermeture d’usine, chacun dévale sa pente, l’éventail sociologique est  bien fourni, d’une lycéenne allumeuse à une inspectrice du travail, du délinquant amateur aux malfrats chevronnés. On désire, on convoite, on s’empare, et on refuse de rendre ; Sur  les chemins de l’école, à l’usine, dans les  cafés miteux, et les rues mal famées.

C’est l’hiver avec une neige persistante,  des routes verglacées, des conducteurs à la mauvaise conduite. Chacun suit son objectif et son chemin, avec sa musique de juke box (beau répertoire),  et ses petits calculs à mi-voix.

Dans ce premier roman, Nicolas Mathieu soigne chaque épisode, l’abandonne pour en tricoter un autre vite fait,  rattrape le précédent et tient son lecteur en haleine. Les  acteurs n’ont pas de temps à perdre,  le lecteur non plus, un vrai parcours de bosses, à en avoir des bleus partout  !

Plaidoyer à deux voix "pour un parcours de bosses, à en avoir des bleus partout !"
                                "meilleur polar de l'année d'après la critique .... à suivre"
Merci Sapho et Rotko ! quitte a avoir des bleus, je suis la critique et je note le titre et l'auteur !
A moins que, par miracle, il soit déjà à la médiathèque, je l'achèterai ! vous êtes bigrement convaincants !

j'ai terminé  moi aussi mais je n'ai pas vraiment été " touchée"  par ce récit. 

j'avais déjà signalé que  depuis  plusieurs lectures, les auteurs ont tendance à faire des  séparations. On parle de  Martel, puis on revient  à Rita et on repart  à Bruce en passant  par Jordan. Cette gymnastique ne m'aide pas  à entrer dans  l'histoire racontée. peut-être  parce qu'il y a  plusieurs  histoires?  
bref je suis déçue  mais  pas au point de ne pas reconnaître des talents d'écrivain à Nicolas Mathieu.  
je n'ai pas réussi à me faire une  idée sur chaque personnage.  
un mélange de  militantisme  véreux, des  jeunes  complètement dans une autre sphère, une inspectrice qui dépasse son rôle. 
j'ai eu l'impression que Mathieu mettait bout à bout des  histoires et avait du mal à faire le lien entre tous ses  personnages. 
que devient Rita?  où en est BRuce? etc....  
voilà !

j'ai lu le livre depuis trop longtemps pour répondre à tes questions précises. Sur la construction du livre, je crois que les films dits 'choraux" sont une réponse : on suit un couple, puis un autre, une autre face d'une personne, et le tout dresse un panorama d'une plus grande richesse. 

Ainsi le syndicaliste ne se réduit pas à son rôle militant, mais a des activités clandestines, l'inspectrice du rttravail a des ennuis de couple, et des histoires familiales, nul protagoniste n'est réduit à un "masque", à une personnalité définie une fois pour toutes. Les intrigues sont multiples, et l'ensemble aussi divers que dans la vie. 

Ne sommes-nous pas différents avec les personnes que nous fréquentons ? Avons-nous une seule activité et des conversations identiques ? je ne le crois pas.

citation ; Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte, et du branle public et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une ivresse naturelle.


Ainsi va le monde, et les Vosges sous la neige ! De multiples intrigues se rejoignent ou se séparent, des attentes sont déçues, des faits nouveaux interviennent. C'est d'autant plus vrai aujourd'hui où tout bascule d'un moment à l'autre, notamment dans le monde du travail qui a sa part, mais pas la seule, dans ce récit ;-)

Bonsoir ton Excellence,
je l'avais trouvé en bibliothèque, je l'ai commencé, j'ai un peu décroché, je me suis raccrochée, et puis.... à ma grande honte, j'ai laissé tomber

tiens donc ! mais chacun voit la température à son thermomètre...

Il y a certes des personnages multiples, pas si nombreux, et on les retrouve. 

Ce n'est pas tout le temps le cas. Ainsi dans ce livre très coté : compagnie K de Wiliam March. les aventures des soldats, près de  60 ou 100, toutes différentes, servent la fresque de la guerre 14-18, voir cet article  de télérama > http://bit.ly/1xjV2lS

bah oui, ton Excellence, la température était basse !
"Compagnie K" à l'air d'être un condensé de témoignages, non ?

merci Rotko de ta réponse

 il n’empêche que j'ai trouvé ce roman confus  à cause justement de la séparation des personnages. Je n'aime  pas en général j'aime la fluidité d'un texte et ne pas  être obligée de revenir  parfois pour savoir ce que faisait  l'autre quand  je l'ai quitté.  je parle  des chapitres hein?     cela dit  si l'on écrivait bout à bout les  passages concernant chaque  personnage nous aurions  6 ou 7 histoires  parfaitement intéressantes. 

Marie a écrit:

j'aime la fluidité d'un texte

idem !

Je retiens en tout cas le titre ! Merci rotko pour ces infos.