La Clef des Champs Forum d'amitié |
| | Jean-Louis FOURNIER | |
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Auteur | Message |
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MarieC Invité
| Sujet: Jean-Louis FOURNIER Mar 18 Nov - 17:04 | |
| Où on va papa ?Jean-Louis Fournier Thomas parle à sa main, il l’appelle Martine… Elle ne sait pas jouer du piano, elle ne sait pas conduire de voiture. …. Elle n’est qu’une main …. Ne pas être comme les autres, ça ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, ça veut dire être différents des autres… Ce livre dédié à Mathieu et Thomas, ses deux fils handicapés de naissance, est poignant dans sa dérision, ses sourires et ses regrets, jamais de remords, du moins c’est ainsi que je l’ai vu. Des longues listes séparées par des virgules : De ce que ses fils ne feront jamais De ce qu’ils auraient aimé faire De ce qu’il aurait aimé faire avec eux De ce qui lui a été épargné justement parce que ses enfants n’étaient pas normaux. Il cite à plusieurs reprises Pierre Desproges, et c’est un peu à la manière de celui-ci que ce roman est écrit : En rire pour ne pas sombrer. Magnifique mise à nu des sentiments d’un père face à l’épouvantable malchance. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 18 Nov - 17:12 | |
| Mon dernier cheveu noirJean-Louis Fournier Ce n’est pas un roman ,ce sont des pages qui se suivent avec des constatations sur le vieillissement et surtout sur le passage souvent difficile de la cinquantaine voire soixantaine, principalement chez les hommes ! Enfin, il était temps, merci Monsieur Fournier ! C’est drôle, décapant et je dois avouer avoir reconnu pas mal de phrases que j’entends autour de moi, chez moi ou...pas loin (rires !) Sans prétention, un moment de détente c’est tout mais que cela fait du bien de ne pas se prendre la tête ! Je le conseille aux amis qui ont de l’humour, c’est à dire tous n’est ce pas ? Les jeunes pourront sourire, ceux qui sont dans cette tranche d’âge devront penser : pfffff c’est pas du tout moi ça ! Et ceux qui ne diront rien parce qu’ils se diront : et merde, je suis comme ça moi ? Voilà . |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20598 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 18 Nov - 19:08 | |
| Hé hé ........pour se détendre, l'humour y a pas mieux ! Mon dernier cheveu noir est probablement un livre que je prendrai dans mon sac lors des vacances à NOEL ! Merci Marie de nous l'avoir renseigné |
| | | rotko
Nombre de messages : 195 Localisation : nantes Date d'inscription : 18/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Ven 5 Déc - 9:02 | |
| Marie C. a bien précisé le contexte, je n'y reviens pas.
Jean-Louis Fournier, où on va Papa ? Chez Stock.
Paraîtrait que ce livre a été l’objet d’une polémique conjugale, ce n’est pas notre affaire, lisons-le pour ce qu’il dit, et les questions qu’il soulève.
Ce n’est pas une sinécure d’être parent d’enfants handicapés ! Soucis constants, chagrins, frustrations, énervement, lassitude et colère, on imagine bien les humeurs liées à cet état.
Chez Fournier, trois phases prédominent, à mon sens :
- une sollicitation du pardon des enfants, causes bien involontaires des tracas qu’ils occasionnent. Faut-il pour autant les taire ? Fournier décide de parler, sans faire du mélo ou l’éloge du sacrifice.
- l’humour, parfois noir, souvent provocateur, pour conjurer un sentiment de culpabilité et/ou un sort bien injuste ; il s’exerce face aux protagonistes et face au lecteur, ils réagiront différemment, le lecteur a la distance nécessaire, et donc la part belle.
- la désespérance, c’est-à-dire la plainte pour les enfants-victimes, privés à jamais des joies des êtres normaux, et celle du père, condamné à subir questions maladroites, silences gênés. Jamais il ne connaîtra la fierté des succès, ou l’art d’être grand père, cette deuxième chance des parents.
L’auteur revendique le droit de rire de situations parfois cocasses. Ce n’est pas une moquerie ou une indécence. Mais « rire de ses propres misères ». Fournier pratique donc l’art du billet, des phrases courtes sur un épisode ponctuel, avec une chute brève et inattendue. Le clou qui clôt la porte à l’émotion.
Cette succession de « billets » serait fastidieuse, et somme toute inappropriée. Aussi la désespérance marque-elle son empreinte avec des formules définitives en anaphores : pour les enfants comme pour le père, « jamais, « ne plus » sonnent le glas des espoirs ou des attentes.
C’est dit de manière ludique, avec des assonances de rondes enfantines :
« Vous ne connaîtrez jamais ce délicieux frisson qui vous parcourt des pieds à la tête […]vous chamboule, vous tourneboule et vous entraîne dans un tourbillon qui fait perdre la boule et donne la chair de poule… »
Point de vue du père, une mère eût sans doute écrit différemment. Mais comment parler de l’échec et du chagrin ? |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44318 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Ven 5 Déc - 9:09 | |
| Merci Marie et Rotko je l'avais noté, mais là, avec ce que vous en dites, je vais le rechercher dare dare ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20598 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| | | | Sapho
Nombre de messages : 20598 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Sam 13 Déc - 16:03 | |
| Je viens de terminer le livre " Où on va,papa?
Ce qui peut étonner, c’est le ton employé par Jean-Louis Fournier pour parler de son vécu. Cet auteur, qui revendique la liberté de rire de tout, emploie l’humour noir et la dérision à profusion. Mais, en filigrane, on sent bien qu’il s’agit là d’une protection qui lui permet de faire face à la situation, de surmonter la douleur, le sentiment de culpabilité et le regard des autres. Parfois, n’y tenant plus, il a des envies de meurtre : « J’ai pensé que, quand ils seraient grands, j’allais leur offrir à chacun un grand rasoir coupe-chou. On les enfermerait dans la salle de bains et on les laisserait se débrouiller avec leur rasoir. Quand on entendrait plus rien, on irait avec une serpillière nettoyer la salle de bains ». Ce type de discours, qui traverse tout le récit, rend celui-ci dérangeant et a provoqué un profond malaise chez moi.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Sam 13 Déc - 16:22 | |
| Oui Sapho j'ai eu aussi cette impression que finalement il lui arrivait de subir et de vouloir en finir. Je pense qu'il nous transmet un message justement si je pouvais... je le ferais.. mais bien sûr le bon sens reprend le dessus personnellement je n'ai pas ressenti de malaise mais au contraire une envie de l'aider à se soulager de cette douleur malheureusement inextinguible. très dur récit en fait. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 30 Déc - 9:41 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 30 Déc - 9:51 | |
| tu as raison Odelette et Fournier a très très bien traité ce sujet pas facile. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 30 Déc - 9:55 | |
| merci Marie tout à fait c'est très bien écrit |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Ven 16 Jan - 11:33 | |
| Jean-Louis Fournier Veuf4 ème de couvertureJe suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre. C'est bien triste. Cette année, on n'ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. […] J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. […] Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. J.-L. F Mon avis Un petit roman plein d’amour, sans pleurnicheries inutiles. L’auteur rend hommage à sa femme disparue et ne veut se rappeler que les bons moments de leurs 40 années de vie commune Avec pudeur dans chaque ligne, il explique son manque d’elle mais aussi son amour. Belle histoire. Il a réussi à ce qu’elle ne soit pas triste mais pleine de souvenirs agréables qui vont l’aider à affronter sa nouvelle solitude
Dernière édition par marie C le Ven 16 Jan - 14:43, édité 1 fois |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44318 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Ven 16 Jan - 11:41 | |
| je l'avais noté, ton compte rendu me donne encore plus envie de le lire ! merci Marie _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28326 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Dim 18 Jan - 15:21 | |
| J'ai lu Où on va papa ? presque d'une traite, il est vrai que le livre est court. J'ai beaucoup aimé, je trouve qu'il fallait une grande habileté pour trouver le ton juste et faire passer l'indicible de ce qu'éprouve un père confronté à ce que personne n'envisage jamais : mettre au monde et élever un enfant « pas comme les autres », et dans le cas précis deux. Certes, comme l'ont si bien dit Marie, Rotko et Sapho, l'humour noir et la dérision sont omniprésents. Et le lecteur rit ou sourit à plusieurs reprises, sans arrière-pensée.
Personnellement, j'ai été très sensible à la pudeur du narrateur, celui qui dit « je » ; j'en profite au passage pour rappeler que, même s'il est d'inspiration autobiographique, ce livre est un roman, avec, par conséquent, sa part de fiction, de « re-création » par un écrivain. Ainsi, le narrateur se montre-t-il cynique en apparence, provocateur… Mais sa souffrance est bien là, non seulement la sienne mais aussi celle des enfants telle que la perçoit leur père.
Les très courts chapitres, des « billets » comme dit Rotko, rendent le récit percutant et, en même temps, permettent l'arrêt presque brutal, comme une pirouette, dès que le pathos risquerait de surgir. La tendresse aussi est largement présente car , certes, « avec eux, il fallait une patience d'ange, et [il n'est] pas un ange. », mais il les aime, mieux il les aime comme ils sont, avec naturel en somme, ce qui se sent entre les lignes à chaque instant. Il précise pourtant, comme sur le ton de la confidence, à propos de l'un de ses fils : « Quand je pense que je suis l'auteur de ses jours, des jours terribles qu'il a passés sur Terre, que c'est moi qui l'ai fait venir, j'ai envie de lui demander pardon. », exprimant par là non pas sa culpabilité mais son impuissance devant une fatalité qui le dépasse, comme elle dépasse tous les parents dans son cas.
C'est enfin un roman qui ne cesse de poser des questions sans jamais les formuler sauf une. Entre autres, bien sûr, celle du pourquoi ? Pourquoi la génétique joue-t-elle de pareils tours à certains ? Pourquoi ne peut-on répondre à la question simple et symbolique sans cesse répétée par le petit Thomas : « Où on va papa ? » S'ajoutent alors les questions soulevées face à un avenir terrifiant : que va devenir mon enfant quand je ne serai plus là ? _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Dim 18 Jan - 16:33 | |
| Oui Nic c'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre. Tout et dit sans en ajouter. très beau livre |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20598 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 27 Jan - 15:44 | |
| Livre lu : TROP RESUME Les murs de la salle d’exposition sont couverts de tableaux, ils sont tous tellement beaux qu’on ne sait plus où donner de la tête, devant lequel s’attarder. Alors, on ne s’attarde pas. Dans la pénombre, au fond d’une salle, est accroché un seul petit tableau, l’assistance est silencieuse, recueillie. Il s’agit d’un dessin de Raphaël, une vierge belle à se damner. Je m’arrête devant la devanture d’un kiosquier. Les étagères ploient sous le poids des journaux, des revues, souvent jamais lues. Le marchand de journaux est débordé, il n’a plus de place. Je viens d’acheter un nouveau poste, il me garantit 1350 stations. Je ne peux plus entendre ma radio préférée, il y a trop de stations, elles se brouillent. Sur l’appareil qu’on m’a offert, je peux stocker plus de 1000 chansons. Mon nouveau téléviseur me promet 500 chaînes. Je suis arrêté dans un embouteillage depuis plus d’une heure, il y a trop de voitures. J’ai voulu acheter les sonates pour piano de Mozart, il y a 50 interprétations. Comment choisir? Au supermarché, j’ai compté 40 marques de gâteaux secs. Je n’en ai pas acheté. Le prince a 400 femmes dans son harem, il a l’embarras du choix. Chaque soir, il hésite, se morfond. Quand il choisit une brune, il pense aux blondes, quand il choisit une blonde, il pense aux brunes. J’ai le syndrome du harem. J’ai le choix, j’ai surtout l’embarras du choix. J’imagine une forêt hirsute, les arbres sont côte à côte, trop serrés, ils s’étouffent, la forêt va bientôt mourir. On va couper quelques arbres pour mon nouveau livre. Il sort une centaine de livres par jour, je pense à mon petit livre. Au bout d’une semaine, il va disparaitre, écrasé par 600 livres. QU'EN DIRE ?Trop, c’est le livre contre la surconsommation de tout poil. Celle qui nous fait acheter des yaourts à tous les goûts et à tous les coups, des appareils de plus en plus petits et puissants dont on n’utilisera même pas le quart du tiers des capacités. D’un homme qui lui parle de ses clefs USB sur lesquelles il peut mettre 8 000 livres, 2 000 chansons et 1 400 films, et qu’il emporte en vacances, JL Fournier constate : "J’ai fait un petit calcul : finalement, pour la semaine, ça ne lui fait que 1142 livres à lire par jour, 285 chansons à écouter par jour et 200 films à voir par jour." Tout est sujet à consommation à outrance, les denrées alimentaires, les produits de beauté, la culture, les 17 000 places du Palais Omnisport de Paris Bercy qui sont de la démesure telle qu’on regarde les artistes sur les écrans géants, les 600 livres de la rentrée littéraire qui se musellent les uns les autres, les plus de 200 chaînes de télévision pour ceux qui ont des bouquets satellites, … J’aime quasiment tout dans ce bouquin, je suis en phase totale avec JL Fournier .On marche complètement sur la tête, et malgré ma volonté de ne pas exagérer, de faire attention, comme tout le monde je consomme voire surconsomme, je me crée des besoins dont je ne peux plus me dépêtrer. Avec son style très personnel entre humour, tendresse, ironie et vacherie, JL Fournier sait me parler directement, ses chroniques sont justes, certaines carrément exactement ce que je pense, notamment "Trop d’infos" : "Les stations de radio et les journaux bégayent. Toute la journée, ils répètent les mêmes informations. "Le public a besoin d’être informé", prétendent les journalistes. Je n’ai pas envie de tout savoir. Pas envie d’être déformé." . Et plusieurs autres, mais je ne peux pas tout citer. D’autres sont légères, ou commencent légèrement, construites un peu comme un poème de Jacques Prévert : "Chaque quart de seconde sur la terre, une femme met un enfant au monde. Il faut absolument la retrouver pour lui dire qu’elle arrête." Enfin, tout cela pour dire que le dernier JL Fournier est bon. Que dis-je ? Il est trop ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 27 Jan - 16:56 | |
| alors il ne sera pas de trop dans ma biblio car j'aime beaucoup cet écrivain ! je note donc !! |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28326 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 27 Jan - 18:36 | |
| Merci, Sapho, à lire manifestement ! Oui, mais quand ? Trop, il y en a trop des livres intéressants ! _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20598 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 27 Jan - 18:54 | |
| Tu as raison ma NIC, parfois j'ai tellement de choix que la tête me tourne! |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28326 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Mar 27 Jan - 19:01 | |
| Quelle poétique image de tourbillon littéraire ! _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20598 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Ven 30 Jan - 20:10 | |
| LIVRE LU : POETE ET PAYSAN RESUME« Qu’est-ce que je fais là ? J’ai dans les mains un fourchet, le manche est poisseux, je charrie du fumier. Les vaches me regardent avec dédain, seul le regard très doux d’une génisse m’apaise. Mes mains sont barbouillées de purin, elles puent. Je cours toutes les cinq minutes à l’évier de la cuisine pour les laver. Hier je voulais devenir Fellini, aujourd’hui, je suis dame pipi de vaches. » Jean-Louis Fournier est capable de tout. Étudiant en cinéma à Paris, il est capable de vouloir reprendre une ferme pour les beaux yeux de la fille du fermier. Le père aurait été poissonnier, il reprenait la poissonnerie. Il est un peu fou, Fournier, et quand il est amoureux, apparemment ça lui arrive souvent, il devient encore plus fou. Peut-être que c’est ça qui lui permet de nous écrire des livres ? Alors souhaitons-lui d’être encore longtemps amoureux. QUE DIRE?L’auteur mélange tendresse et causticité dans cette chronique campagnarde et l’on s’y fond avec bonheur. A travers des mots simples, un style épuré, il nous raconte la campagne de façon charmante. Il nous conte aussi le malaise paysan, les déboires d’un homme de la ville qui s’accroche tant bien que mal à cette vie remplie de boue, d’odeurs de bétail, parce que l’amour pour une fille de père fermier a pris le dessus … Certes il y a des passages qui sont un vrai délice d’humour et de fraîcheur. Cependant, d’autres bouts du récit sont trop laconiques, morcelés voire un peu décousus jusqu’à déstabiliser celui qui lit. EXTRAITSLes intellectuels barbus partent dans le Larzac élever des chèvres et faire des fromages immangeables. Les chèvres en meurent de honte. Dans les Cévennes, ils vont engraisser des canards. Dans les bocaux de confits, il y a autant de mouches que de canard. Ailleurs, ils élèvent des chiens au régime macrobiotique, sans viande. Les chiens se portent très bien. Puis un jour, ils disparaissent. On les retrouve tous morts. Ils ont été tués par l’éleveur de faisans, il en a eu marre qu’ils viennent chez lui faire des razzias de volatiles. Quand j'ai pensé reprendre la ferme, la campagne pour moi, c'était le passé. J'avais la tête remplie d'images de mon livre d'enfance, Les travaux des champs. J'allais devenir le gai laboureur d'antan, je m'y voyais. J'avais fière allure avec mon sarrau que le vent gonflait. J'avançais doucement, sûrement, derrière mon gros cheval qui tirait la charrue. Il s'appelait Bijou et je l'encourageais avec des mots doux. Des nuées d'oiseaux nous suivaient pour dénicher des vers dans les sillons frais. Quelle belle image, quel beau tableau. On n'était plus au bon vieux temps, j'avais oublié le progrès. "Un élan vers le pire", dit Cioran. Un progrès qui s'appelle Farman, Ferguson, Renault... Puant. Et tellement bruyant qu'on n'entend plus sonner l'angélus. Le cheval a été mis définitivement au chômage. Le gai laboureur a perdu sa gaieté. Maintenant il est secoué, il respire les gaz d'échappement, il ne parle plus, il n'a rien à dire à son tracteur. Il est seul dans la plaine immense. Il s'emmerde, le gai laboureur. Il trace à longueur de journée des longs sillons parallèles. Tristement, comme un enfant puni, il fait ses lignes. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Ven 30 Jan - 20:20 | |
| je note Sapho je viens de me commander "trop" comme dit Nic on n'arrive plus à suivre ! merci pour cette info ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Jeu 12 Fév - 9:54 | |
| je termine TROP !! oh oui Sapho toutes les pages se lisent avec bonheur! Fournier a le don de nous faire faire les courses avec lui. et franchement tout ce qu'il décrit je l'ai vu, je le revoie rien qu'en le lisant !quel merveilleux compte -rendu de notre société de consommation à outrance! on sourit souvent en se disant: mais comme il a raison, comme il a bien observé! Il a tellement de talent que rien ne parait superflu dans ses descriptions on ne s'en lasse pas ! j'ai franchement adoré !! je vais suivre avec POETE ET PAYSAN, car Sapho je te fais confiance avec Fournier, je crois que nous l'apprécions vraiment toutes les deux. Ce qui n’empêche que j'espère donner l'envie à d'autres de connaitre cet auteur de talent.
Justement dans le même ordre d’idée, je feuillerais ce matin télé 7 jours et deux pages étaient consacrées à :
Les nouveaux soins nous changent la vie
Suivait une liste que je vous mets là : Desbilles anti-âge : 81 euros Un gel micellaire démaquillant : 9,80 Une huile à lèvres protectrice : 20,50 Une crème cocoon ultralight 2,95 Un fond de teint tout en un : 45 Un sérum pour les dents 8,90 Une mousse sans rinçage 19 Une poudre bluffante pour cheveux 19,90 Une brume capillaire nourrissante 6,90
Et le coup de cœur Les lingettes micellaires 1,99 les 25. Total : 215,94 |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44318 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Dim 1 Mar - 21:59 | |
| Lu très vite, trop vite, ce livre se lit bien. Si l'excès nuit en tout, Fournier en fait son fromage et appuie où ça fait mal ! Il démontre l'impossibilité de choisir devant "trop", et les conséquences éthiques qui s'ensuivent : la perte du sens critique, entre autres. Sa plume acérée pointe avec finesse les déréglements de notre société avec un humour pince sans rire. Trop effraie, mène à l'écoeurement, il le démontre brillamment avec ses yaourts dupliqués à l'infini à différentes sauces, ses brosses à dents miraculeuses, chacune étant bien sûr supérieure à celle d'à côté. Il fait même intervenir le célèbre docteur "Knock" pour appuyer son chapitre "trop de médicaments" Nous connaissons tous cette indécision qui nous saisit devant les kms de rayons. Comment choisir? , qui n'a jamais pesté en cherchant une marque auquel il est habitué, ne la trouvant pas noyée qu'elle est parmi tant d'autres ! Trop de livres ..... hé oui ! il y en a quelques bons parmi une nuée de mauvais. J’ai voulu acheter les sonates pour piano de Mozart, il y a 50 interprétations." Cela m'est arrivé à moi aussi ! et c'est là que le sens critique finit par nous lâcher ! Tenez ! il a oublié les lessives les lessives dont Coluche a si bien parlé. On peut savoir qu'elles proviennent à peu près toutes de la même gigantesque cuve, chaque "fabricants" (?) ajoutant sa couleur ou son parfum au final, mais non ! les publicités s'entêtent à nous dire que celle ci lave plus blanc, préserve les couleurs, l'autre rend le linge "lumineux" ... pfuittt ! je prends le prix moyen et quelque soit la marque elle fait aussi bien que les autres. Faire les courses est un casse tête, explique Fournier. Bah oui, si on écoute les pubs. Et encore de l'humour avec les différents sels "le sel de l'ile de Ré est recommandé pour les factures salées" Bien dit et très vérifiable. Un très bon petit bouquin, d'un très bon écrivain. A lire. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28326 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER Lun 2 Mar - 0:17 | |
| Merci pour vos commentaires de J.L. Fournier ; manifestement, un auteur intéressant ! Je me demande quand je pourrai le lire ! Mais je le note. _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| Sujet: Re: Jean-Louis FOURNIER | |
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| | | | Jean-Louis FOURNIER | |
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