Toine HEÏJMANS (Pays-Bas)

L’auteur :
Toine Heijmans est né en 1969 à Nimègue, aux Pays-Bas. Il a étudié l’Histoire à l'Université et travaillé pour des quotidiens locaux. En 1995, il a rejoint la rédaction du journal De Volkskrant, à Amsterdam. Il est l'auteur de trois ouvrages : La Vie Vinex, sur un nouveau quartier résidentiel d'Amsterdam, Die Asielmachine, qui rassemble des témoignages de demandeurs d'asile et Respect !, sur le milieu du rap en Europe. En mer est son premier roman, publié en août 2013 aux éditions Christian Bourgois ; il a reçu le Prix Médicis étranger en novembre de la même année.

Citation :

Les gens normaux évitent l’aventure – ils ont raison. Quand tu escalades une montagne, ton sort est entre les mains de la montagne. Qu’est-ce que ça peut lui faire, à la montagne, si tu tombes ?

Mon sort est entre les mains de la mer. Qu’est-ce que ça peut lui faire, à la mer, si j’échoue ? Jusqu’à présent, je voyais dans la mer une compagne, une amie pour faire route ensemble. J’avais trois vrais amis : Hagar, Maria et la mer. Mais la mer ne peut pas être une amie. L’eau n’a ni sentiment ni histoire. Elle ne fait rien, elle est, c’est tout. Si elle t’assassine, si elle te noie, il n’y a là rien à chercher que ta propre stupidité. La mer n’est ni une amie ni une ennemie.

Encore un livre qui me parait digne d'intérêt ! Je note sur ma très longue liste ! Merci chère NIc !

Lorsque un livre me plaît je lis assez vite, voir même très vite ! Mais je me demande tout de même comment vous arrivez, pour certaines d'entre vous, à lire autant de bouquins à la fois ! Il est vrai que je suis très cinéphile, de plus, je peins, j'écris, je m'occupe de la maison et du jardin ! Bref, la lecture se positionne souvent tard les soir ou, parfois, lors de la sieste ... 

"

coucou mon Arun, moi qui ne suis pas envieuse de nature, j'envie quand même tous ceux qui lisent plein de livres en ce moment ! moi qui ne peut pas avec cet emménagement qui n'en finit pas ! et pourtant, à une époque, je pouvais lire entre 4 et 5 bouquins par semaine. Parce que lire beaucoup entraine à lire vite ! et puis j'étais seule, bien installée dans la maison de Ondres ! et devant l'Océan....

D'après ton compte-rendu sur ce roman, voilà certainement un livre qui vaut le détour ma NIC.

A retenir avec intérêt!

Merci pour ce partage

Toine Heijmans, En mer,  Christian Bourgois,

la lecture est très prenante et le lecteur se demande  sans cesse  ce qui va arriver. D’autant plus que, sans trop forcer le trait, l’auteur accumule des indices de mauvais augure.

Pourtant, avec un minimum de recul, on s’étonne qu’ après un épisode crucial dont on aimerait savoir l’issue, le récit s’attarde sur le rappel de moments heureux du passé, alors que le présent s’avère si angoissant.

Cette construction fait durer le plaisir ou du moins l’attente, et manifeste une volonté de maintenir les interrogations et les inquiétudes, 

Surgit alors l’idée que l’auteur d’ « En mer » nous mène en bateau ;-)

A d’autres moments, on attendrait un montage alterné entre la terre et la mer, entre qui vit l’aventure maritime et qui attend au port.  On n’échappe donc pas à des doublons comme l’échange des SMS entre l’expéditeur et la destinataire .

Ceci dit, la petite fille parle comme une petite fille, juste à point  pour nous émouvoir par ses questions ou attitudes naïves.


Elle a ouvert une des petites armoires de la cabine en a sorti son matériel de dessin et a dessiné une baleine, main dans la main avec Papa, et elle s’est dessinée elle-même, main dans la main avec maman. Elle était assise, penchée sur la table à cartes, avec ses feutres et ses crayons. Ma fille. Avec ses tresses.

J’ai aussi apprécié des scènes où la navigateur décrit des scènes somnambuliques, à la limite du cauchemar paralysant. Non seulement c’est vraisemblable, mais conforme au personnage principal.


Bien sûr, on a droit à des péripéties de dernière minute, ou des révélations « de gens bizarres ».

Conclusion : Comme dit le gardien de phare "nous rencontrons beaucoup de  types bizarres ici, les gens ne réfléchissent pas"

c'est angoissant, ce livre, non ?
bonsoir ton Excellence

le lémurien a écrit:

c'est angoissant, ce livre, non ?
bonsoir ton Excellence

Globalement, non, je ne l'ai pas trouvé angoissant...
Ravie de te croiser, Rotko

je lis la mer  avant de m'endormir..non pas  angoissant mais comme dit Rotko on se demande où il veut en venir, et on poursuit al lecture pour en savoir plus..en saura--t-on plus?

Il va sans dire, mais je le dis quand même, que je suis en parfait accord avec ce que dit Nic sur le père navigateur qui se met en face de sa "paternité". 

Le personnage est bien étudié, attachant, la fillette un peu trop gentille - ce n'est pas Zazie et on n'est pas dans le 
métro !

 oui  on s'intéresse à la structure de ce roman, avec des avis différents, mais bien d'accord sur une impression d'ensemble. "je le recommande" disait Nic, moi aussi "je le conseille", et il occupe mon entourage ;-)

je viens de le terminer.
en effet  il est  "prenant" et surprenant  en plus  
Je n'arrivais  plus  à faire le  point  et avoir une idée personnelle  de ce qui allait arriver.
bien amenée  la fin et  en ce qui me concerne  inattendue. C'est ce qui m'a fait lire ce roman avec  plaisir.  pas du tout  structuré comme  souvent, il a  vraiment la  "patte de  l'auteur"  qui effectivement connait  bien la  mer.

"je rapproche le canot pneumatique. je vais aller la sortir de l'eau. je cafouille. Je me dépêche.Une boucle de mon gilet de sauvetage s'accroche au hauban. Je me libère ..."

phrases courtes, saccadées  on sent  monter  son angoisse  

bref très bon roman
. je conseille et recommande  

merci Marie, je l'avais noté mais je vais le réclamer avec insistance !

Je viens de le finir,  
J'ai aimé les descriptions, le père-enfant assez imprudent, et surtout la petite fille et ses réflexions d'enfants de 7ans elle est adorable et très mature.
J'espérais quand même qu'ils rencontrent un méditerrien ! 
Je ne m'attendais pas à cette chute, pourtant...

moi non plus Suzanne  
tant mieux le mystère a été bien gardé  lol

Je viens de terminer ce magnifique roman de ce jeune écrivain hollandais!

En Mer est moins le récit d’un événement atroce que celui des méandres d’une conscience tourmentée se débattant contre la fatalité.
Cette traversée est avant tout psychologique. L’accident est une brisure essentielle dans ce qui constitue le fondement intime d’une identité, celle d’un père, d’un mari, d’un homme qui croyait que « la nature était si prévisible qu’on pouvait la résumer totalement dans un almanach ». Donald est un être perdu qui souffre d’un manque de reconnaissance. Plusieurs fois, il répète qu’il est « le père », « le capitaine », qu’il doit décider, qu’il a l’obligation d’assurer l’intégrité de sa fille, donc de maîtriser la mer, qu’il ne doit pas décevoir encore.
La grande réussite du roman tient alors à la manière avec laquelle le jeune auteur hollandais – tout en ravivant les ressorts du thriller – puise dans nos angoisses primitives et nos quotidiens sous pression. Maîtriser la mer revient à se comporter en bon père. Maria ne signifie-t-il pas « mer » en latin ? Pour le narrateur, la paternité est donc une tâche herculéenne. Il faut maîtriser l’immaîtrisable. Dès lors, le genre du roman marin permet d’intégrer une dimension nettement métaphorique. Roman sur la mer et roman sur la paternité, En Mer est l’un et l’autre tout à la fois.

oui Sapho j'ai ressenti surtout le roman " sur la  paternité"  la mer étant  le tremplin pour pouvoir se questionner

:Bravo:Très beau commentaire, Sapho.

Il est tout petit mais très dense en émotions.
Merci Sapho pour ton analyse.

Bonne analyse Sapho, cela vaudrait effectivement le détour.

je viens de lire En Mer et moi aussi, j'ai l'impression que l'auteur nous mène en bateau, Rotko.
Le récit est haletant, la pensée de la petite Maria livrée aux flots, dans son petit pyjama rose, est atroce ! mais...

Ne lire qu'après avoir lu le livre:

Tout le livre est alors ce cauchemar au milieu de la mer, entouré des balises, des phares, de la culpabilité, des vagues qui clapotent et de la houle qui soulève le voilier. Toutes les questions existentielles remontent à l’esprit au milieu de cette mer grise et verte, hallucinatoire.

J'ai mis une partie de tes commentaires en spoiler, Ysou, pour ne pas dévoiler trop l'histoire à ceux qui ne l'ont pas lue.

Cela dit je crois que 

Ne lire qu'après avoir lu le livre:

J'aime bien ton analyse.

je pensais que tous ceux qui en avaient exprimé le souhait l'avaient lu !
mais je vois que toi aussi tu as réfléchi et que nous tombons d'accord
je ne sais Suzanne si tu as éprouvé les mêmes émotions que moi, mais je dois dire qu'il est très fort ! notre imagination s'emballe au fur et à mesure qu'il distille son angoisse