Sapho
Nombre de messages : 20663 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Yanick LAHENS ( origine Haïti ) Ven 15 Mai - 15:37 | |
| BIOGRAPHIENationalité : Haïti Né(e) à : Port-au-Prince , le 22/12/1953 Yanick Lahens est une romancière.Elle fait ses études secondaires et supérieures en France, avant de retourner en Haïti pour enseigner la littérature à l’Université d’État jusqu’en 1995.Longtemps professeur, mais aussi journaliste – elle a collaboré à différentes revues et a animé l’émission "Entre nous" sur Radio Haïti Inter.Après avoir coordonné un temps les activités d’une plateforme de la société civile – son action a été saluée en 2007 par le Collectif féminin haïtien –, elle est désormais cofondatrice de l’Association des écrivains haïtiens, qui lutte contre l’illettrisme. Elle a également créé, en 2008, "Action pour le changement" (APC), destiné à former les jeunes générations aux stratégies de développement durable, à les sensibiliser à des questions d’intérêt national et à renforcer le lien social, notamment à travers la réalisation de courts-métrages. Cette fondation a aussi permis la construction de quatre bibliothèques supplémentaires en Haïti.Aujourd’hui membre du Conseil international d'études francophones, elle a également fait partie du cabinet du ministre de la Culture, Raoul Peck, entre 1996 et 1997. En 1998, elle a dirigé le projet "la Route de l’esclavage", qui s’intéressait à la problématique de l’esclavage, en Haïti, à travers les sciences et les arts.Elle publie en 2008 "La Couleur de l’aube", qui est distingué par plusieurs prix (prix du livre RFO 2009, prix littéraire Richelieu de la Francophonie 2009, prix Millepages 2008).En septembre 2014, elle publie "Bain de lune" qui reçoit le Prix Femina 2014.Yanick Lahens vit à Port-au-Prince.LIVRE LU : GUILLAUME ET NATHALIE
RESUME
Cela faisait longtemps que je voulais écrire cette histoire de rencontre d’un homme et d’une femme. L’une de celles qui ravivent le goût de l’impossible. L’une de celles qui traînent leur cortège de surprises, de paradoxes, d’érotisme et de déraison. Dans cette ville où, comme dans d’autres villes, une certaine idée de l’amour a été façonnée par les livres, les chansons et le cinéma. Mais où les données du malheur universel sont immédiates ou vous rattrapent juste un peu plus vite qu’ailleurs." Yanick Lahens, Failles
Guillaume est sociologue, Nathalie architecte. Ils se rencontrent à la veille du séisme qui a ravagé Haïti en janvier 2010, autour du projet d’un centre polyvalent dans les environs de Port-au-Prince. Entre l’homme de cinquante ans revenu de ses utopies, dont toute la vie s’est jouée dans son île, et la jeune femme au sombre passé qui vient de vivre de longues années en France, l’attirance est immédiate. Si Yanick Lahens excelle dans l’écriture impatiente de leur désir et si l’on est vite happé par la sourde sensualité qui en émane, elle n’est dupe ni de ses personnages, ni de leur situation. Représentants tous deux de la classe moyenne noire, ils tentent d’endiguer la misère qui les encercle, subissant eux aussi les préjugés racistes de la bonne société haïtienne et la corruption des élites. Nul misérabilisme pourtant dans ce récit, nul catastrophisme non plus, sinon la conscience diffuse de la menace qui plane sur Haïti en ce mois de décembre 2009. Avec ce roman pétri de tendresse pour son pays, Yanick Lahens acte la victoire de la vie et de l’écriture sur le malheur.
QU'EN DIRE?
Le corps-à-corps, ici, est un exil intérieur. La rencontre improbable: une fuite éperdue. Guillaume et Nathalie appartiennent à ces 15% de diplômés haïtiens qui n’ont pas renoncé à leur île. Yanick Lahens montre le fossé qui les sépare, mais plus encore ce qui, face aux Blancs, face aux plus pauvres, face au tumulte d’un pays qui ne semble laisser aucune place au moyen terme, les soude. Dans Guillaume et Nathalie, elle invente cet espace duel, celui de la passion, offert comme un ultime recours. Sans alourdir le texte et avec une légèreté trompeuse, la romancière, par petites touches, aborde de nombreux sujets sensibles tels cette femme noire qui découvre le plaisir dans les bras d’un blanc, la classe moyenne asphyxiée, l’apartheid dans la première république noire, ces femmes qui éduquent des fils bourreaux de femmes, ces pères amputés de leur paternité, cette arithmétique de la mort «Trop de gens, pas assez de biens» pour approcher la criminalité, le corps meurtri des femmes sur lequel la société ne cesse de «tirer un rideau»
Magnifique livre en tout cas !
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