LA VERITABLE HISTOIRE D’INÊS DE CASTRO par Carole Teulet
Nous sommes au Portugal, en 1340. Dom Pedro, prince héritier de la couronne portugaise, épouse, contraint et forcé par son père le roi Alphonse IV, Constance de Castille dont il aura trois enfants. L’infant n’a aucun sentiment pour cette princesse et la situation va se compliquer avec la présence à la cour d’une dame d’honneur de son épouse, la Galicienne Inès de Castro. Dom Pedro a vingt ans, Inès de Castro, quinze. La passion inéluctable et fulgurante qui les unit dès le premier regard est bien sûr désapprouvée par leur entourage. Car Inès n’est pas portugaise, et ses deux frères, Alvaro et Fernando, sont de proches amis de Dom Pedro. Les nobles portugais craignent que l’infant ne se laisse influencer par le parti castillan : Castille et León étaient alors les deux ennemis les plus redoutés du Portugal, qui avait chèrement acquis son indépendance.
Lorsque Constance, l’épouse légitime de Pedro, meurt en donnant naissance à son troisième enfant, les relations entre Dom Pedro et son père ne vont aller qu’en se dégradant, Dom Pedro refusant tout remariage politique. Il entend vivre au grand jour son amour pour Inès. L’exil d’Inès et autres stratagèmes ayant échoué à séparer les deux amants, le roi décide enfin de faire assassiner Inès de Castro par trois de ses sbires. Si la légende autant que les poèmes, peintures, pièces de théâtre et opéras la représentent toujours poignardée, Inès de Castro a pourtant été décapitée le 7 janvier 1355. La douleur et la colère du prince est telle qu’il entre alors ouvertement en guerre contre son père. Il faudra toute l’entremise de sa mère Béatrice pour mettre fin au conflit.
À la mort de son père deux ans plus tard, Dom Pedro devient roi sous le nom de Pierre Ier. Surnommé Pierre le cruel, il fait retrouver les assassins d’Inès et fait arracher le cœur de l’un par la poitrine, celui du second par le dos.
La déclaration de Cantanhede de 1360 fait d’Inès son épouse légitime. En 1361, sa dépouille est transférée au monastère de Santa Maria d’Alcobaça dans un magnifique tombeau de marbre blanc, après que le squelette a été revêtu de vêtements royaux, assis sur le trône pour que les nobles viennent un par un lui baiser la main. À ses côtés repose le roi Pedro, uni à Inès pour l’éternité.
Carole Teulet
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