L’enfant des naufragés :
L’éditeur [Oskar] référence ce roman comme s’adressant à des lecteurs de 11 à 111 ans !
Bien que la maison d’édition s’adresse en effet plutôt à un public jeune, je ne vois guère ce livre entre les mains d’enfants de 11 ans, des ados peut-être, sans doute davantage entre celles d’adultes.
Le roman de 214 pages, écrit gros, avec de multiples passages à la ligne, se lit vite et facilement. Construit en 3 parties inégales encadrées d’un prologue et d’un épilogue, il est écrit à la première personne, la narratrice étant l’héroïne elle-même, Lisa Hanh Dung Phan.
La vie chaotique de cette ado française avec un physique de Vietnamienne est ponctuée de points d’interrogations sur le passé de ses parents et le mystère qui continue de les entourer. En quête d’identité, elle voudrait bien en savoir davantage sur ses origines, l'histoire du Vietnam et elle a du mal à comprendre le monde qui l’entoure, son racisme ambiant et ses hypocrisies, en dépit de l'amitié de Julie, vietnamo-africaine, et de la tendresse de Halima, Algérienne au grand cœur.
Il ne se passe pas grand-chose dans ce récit, plutôt fait de scènes tirées d’un quotidien insolite avec une mère hantée par son vécu douloureux de boat-people mais muette, et un père mystérieux, très peu présent et rigide. Les ellipses sont nombreuses mais pas vraiment gênantes.
L’intérêt du livre réside à mon avis dans le ton adopté qui mêle humour et dérision même dans les pires moments comme ceux consacrés aux crises de la mère, absente d’elle-même et absente pour autrui, y compris sa fille.
Ce n’est certes pas un chef-d’œuvre mais cette lecture insolite m’a distraite et fait sourire malgré le sujet (!), surtout après celle d’Antunes, le Portugais !
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"Ne te courbe que pour aimer." René Char