Depuis quelques années, sous la pression des industriels et des agriculteurs, des recherches sont menées pour améliorer certaines caractéristiques d'essence forestières ou fruitières. Ainsi, à titre d'exemple, de nombreux tests sont entrepris pour parvenir à diminuer le taux de lignine (1) de certains arbres. Pour cela, les arbres sont modifiés génétiquement, sachant que les espèces privilégiées sont le peuplier et le bouleau, avec des essais actuellement en cours en France, en Grande-Bretagne et en Finlande, notamment. Ailleurs, en Chine, en Espagne, au Brésil, etc. d'autres essences font l'objet de divers essais visant, par exemple, à augmenter la vitesse de croissance, la résistance aux insectes ravageurs, ou encore la production de fruits. A ces pays, on devrait bientôt pouvoir de nouveau ajouter la Belgique avec un projet d'essai en plein champ de peupliers OGM, manipulés aux fins de produire un biocarburant de deuxième génération.
Si en mai 2008, l'autorisation de cet essai avait été bloquée au motif que le Vlaams Instituut voor Biotechnologie (VIB), l'organisme demandeur, n'avait prévu aucun protocole d'évaluation spécifique des risques environnementaux liés au test, le Conseil d'Etat a débouté les ministres tenants de cette interdiction, en décembre dernier. C'est ainsi qu'hier, le ministre du climat et de l'énergie, Paul Magnette, et son homologue des affaires sociales et de la santé, Laurette Onkelinx, ont reconsidéré leur opposition première. Notons toutefois que ce revirement a été facilité par l'acceptation, par le VIB, de se conformer, entre autres, au suivi d'un "protocole renforcé d'évaluation environnementale de la faune et de la flore (insectes et sols)".
Néanmoins, la mise en place de ce qui est considéré politiquement comme un "strict encadrement de l'essai" ne répond pas aux risques de contamination et, plus particulièrement, de la dissémination d'un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, dont on se demande bien l'intérêt pour la production d'agrocarburants.
Pascal Farcy
1- Le bois est principalement composé de cellulose (65 à 80%) et de lignine. La cellulose, à l'origine des fibres du bois, offre une résistance mécanique exceptionnelle en traction et en compression, mais, à l'inverse, ses performances transversales sont quasiment nulles. La cohésion transversale du bois est assurée par la lignine, laquelle imprègne la cellulose pour augmenter sa durabilité (y compris aux insectes et autres champignons) et sa résistance. En conséquence, les papetiers recherchent des bois pauvres en lignine, tandis que les secteurs du bâtiment, de l'ameublement et de l'énergie privilégient les bois qui en comptent le plus.