Récapitulatif des livres proposés

PLEIN HIVER d'HELENE GAUDY

Récapitulatif des livres proposés - Page 2 Gaudy10

Peut-on revenir de tout, revenir sur tout, et surtout revenir en arrière pour se projeter enfin contre l’abîme de la passion amoureuse ? Vaste sujet, vaste champ d’expérimentation, tout comme vastes sont ces plaines enneigées du Nord des États-Unis d’Amérique où l’aube tranquille d’un petit matin d’hiver est soudainement troublée par le pas ouaté d’un jeune homme qui titube à l’entrée du bourg. La voiture de patrouille manque de finir dans le décor tant les deux policiers n’en croient pas leurs yeux, et pourtant, oui, il faut bien se rendre à l’évidence, c’est bien David Horn qui est là, revenu du diable vauvert…

David Horn, qui finira, à n’en pas douter, par vous hanter, son nom d’abord, David Horn, répétez-le encore et encore, jusqu’à ce qu’il tourne en boucle dans votre tête, son portrait à l’acide tiré par Hélène Gaudy vous portera peut-être, comme moi, à entendre Samuel Hall sous la voix d’Alain Baschung, vous incitant à allez au diable tant il vous déteste !

Hé bien oui, pourquoi donc pensez-vous que David Horn s’est volatilisé soudainement si ce n’est pour ne pas tous les tuer, ces crétins qui lui tournent autour, depuis le lycée, surtout ces deux débiles de jumeaux qui ne supportent pas de voir leur échapper Prudence, même si elle est la première à ne pas s’en rendre compte, mais David Horn la magnétise, l’hypnotise, la contamine jusqu’à ce qu’elle tombe, fruit mûr de l’amour en devenir, passion charnelle qui se déshabille de ses atours pudiques pour tenter d’aller sur l’autre rive, celle des adultes, des grandes personnes, continue comme ça, pour se sentir vivant, dans ce froid glacial, ces immensités blanches, ce silence troublé par le seul cri de la scierie…

Mais revenir n’ouvre-t-il pas plus de questions que de réponses ? David Horn va devoir payer cash son revirement, et ce n’est pas l’adoration de sa mère ou l’amour de Prudence qui pourront l’aider. La noirceur tombera sur ses épaules et pas seulement la nuit car en son absence les choses – et les gens – ont changé, la ville aussi, Lisbon n’est plus si accueillante, les espions se font légions, les rumeurs, les voyeurs… Revoir ses vieux amis ? Ou fuir encore dans l’art de l’ellipse ?

Roman d’atmosphère, de picotements, de brûlures et d’émotions fortes, fulgurant au point qu’on ne le lâche pas de sitôt… Mais que faire d’autre en hiver ?

HOMERE EST MORTE de HELENE CIXOUS

Ce livre a déjà été écrit par ma mère jusqu’à la dernière ligne. Tandis que je le recopie voilà qu’il s’écrit autrement, s’éloigne malgré moi de la nudité maternelle, perd de la sainteté, et nous n’y pouvons rien.
Je décide d’incruster dans cette construction qui désobéit à maman des feuillets tirés de sa sainte simplicité. Le livre par excellence serait plein de livres et de ces photos magiques que l’on voit s’animer sous le regard d’un lecteur passionné, il s’ouvrirait sur des villes qui donneraient sur d’autres villes où ma mère aura séjourné. La plupart du temps on voit ma mère accrochée à moi d’une part et à sa canne de l’autre. Elle a le visage levé vers moi, elle me consulte d’un regard brillant, je lui souris et elle me croit. Je suis son père maternel.
Et si elle avait été aussi grande que moi ? Ou plus grande ?
J’ai trois cahiers dont Ève est la reine, la ruine, l’héroïne. Ma mère les a semés afin que je ne meure pas de sa fin pendant le premier désert.
Ève n’a jamais rien fait exprès. Elle accorde. Elle laisse faire. Elle est la grâce même.
Ces cahiers ont l’utilité qui est la vertu de ma mère
Ils n’ont pas d’autre souci que d’accompagner les voyageurs et d’aider à mieux trépasser Quand maman me lancinait de février à mai, me disant continuellement
aidemoiaidemoiaidemoi, des centaines de fois par jour, quand allongée dans sa barque elle me requérait, penchée sur elle, au plus étroit, après avoir abaissé les barreaux du lit de métal je disais avec une intensité égale à la sienne, “dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi, je le ferai”. Et elle : “Rien.”

Merci, Sapho.

_________________
"Ne te courbe que pour aimer." René Char

Nombre de messages : 1864 Date d'inscription : 08/04/2014

Merci chère Sapho ! J'ai l'impression de naviguer à la dérive lorsque je regarde la liste de livres intéressants que j'ai noté ! Embarassed

Je lis pourtant, moins qu'à une époque mais je lis. Demain je vous parle de mes dernières lectures, promis. Very Happy

Moi aussi, je lis study

mais tout n'est pas intéressant à signaler ici et je lis aussi beaucoup de livres (et de fichiers sur l'ordi) à caractère documentaire très spécifique. Il faudra tout de même que je prenne le temps de poster sur mes lectures et relectures de Radiguet ou à son sujet. Smile

_________________
"Ne te courbe que pour aimer." René Char

Cette auteure dont la voisine m'a prêté le livre vient de recevoir le Prix de la Langue Française pour l'ensemble de son oeuvre.

Le Prix de la langue française, qui récompense depuis près de 30 ans une personnalité littéraire, artistique ou scientifique dont l'oeuvre à contribuer à illustrer qualité et beauté de la langue, a été décerné mardi pour 2014 à l'essayiste, dramaturge et poétesse Hélène Cixous.

Le Prix, créé en 1986 par la ville de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), est décerné par un jury composé d'académiciens français, Goncourt, d'écrivains et journalistes, parmi lesquels Tahar ben Jelloun, Hélène Carrère d'Encausse, Bernard Pivot et Laure Adler.

Née Oran en 1937, Hélène Cixous est l'auteur d'une oeuvre féconde de soixantaine de titres, fictions ou essais, et de pièces de théâtre souvent mises en scène par le Théâtre du soleil d'Ariane Mnouchkine ou par Daniel Mesguisch.
Cette universitaire est également connue pour son engagement féministe. Elle participa en 1974 à la création du Centre d'études féminines (aujourd'hui Centre d'études féminines et études de genre) à l'Université de Paris VIII.
Avec le philosophe Michel Foucault, elle a créé dans les années 70 le Groupe d'information sur les prisons, mobilisation d'intellectuels pour donner la parole aux détenus de droit commun. Grande amie du philosophe Jacques Derrida, elle a travaillé avec lui dans le cadre du Collège international de philosophie.
Dans son dernier ouvrage, "Homère est morte" (2014, Galilée), Hélène Cixous s'inspire de cahiers rédigés par sa mère, ancienne sage-femme, pour raconter la dernière année de sa vie et "la fait revivre par sa plume drôle et libérée", rappelle le communiqué du Prix.

Le Prix de la langue française, doté de 10.000 euros, avait été attribué en 2013 au journaliste et écrivain Jean Rolin.
Le Prix 2014 sera remis à Hélène Cixous à l'occasion de la 33e Foire du Livre de Brive, qui se tient de 7 au 9 novembre prochain.

» Index des livres
» livres audio
» Nic et l'amour de livres hihihi
» Au sujet des commentaires de livres