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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Jeu 18 Sep - 7:22
Ah ! Guillaume Apollinaire et Serge Reggiani font bon ménage ! Encore une belle trouvaille ! Merci de tout cœur Sapho !
Suzanne
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Jeu 18 Sep - 7:58
_________________ ne dit rien/n'ose pas /de peur/de faire mal et la mer/se couche à ses pieds comme une bête aimable.
BRIe
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Jeu 18 Sep - 9:53
La poésie, la musique, un moment de douceur dans ce monde de brute
_________________
Sapho
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Sam 20 Sep - 15:02
Stances à Marquise de CORNEILLE
1 Marquise, si mon visage a quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge vous ne vaudrez guère mieux. Marquise, si mon visage a quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge vous ne vaudrez guère mieux.
2 Le temps aux plus belles choses se plait à faire un affront: Il saura faner vos roses comme il a ridé mon front. Le temps aux plus belles choses se plait à faire un affront: Il saura faner vos roses comme il a ridé mon front.
3 Le même cours des planètes règles nos jours et nos nuits: On m'a vu ce que vous êtes; vous serez ce que je suis. Le même cours des planètes règles nos jours et nos nuits: On m'a vu ce que vous êtes; vous serez ce que je suis.
Le dernier couplet a été écrit 200ans plus tard par TRISTAN BERNARD ( réponse de la Marquise )
Marquise (le mot n'est pas un titre de noblesse, mais un prénom) est une comédienne de la troupe de Molière, Mademoiselle Du Parc2 ; très jolie, elle a de nombreux admirateurs. Parmi eux, les deux frères dramaturges Pierre et Thomas Corneille lui font vainement la cour, et composent des vers en son honneur. Elle meurt prématurément en 1668, après avoir créé l’année précédente le rôle-titre d’Andromaque, que Jean Racine a écrit spécialement pour elle. Pour se plaindre de la froideur de Marquise, Corneille (alors âgé d’une cinquantaine d’années) lui adresse les Stances3. Georges Brassens n'a pas conservé les dernières strophes du poème, où Corneille se vante d’avoir d’autres charmes (ceux de l’esprit) et où il dit à Marquise que dans mille ans « Vous ne passerez pour belle - Qu'autant que je l'aurai dit »1. Plus de deux cent cinquante ans plus tard, Tristan Bernard imagine la réponse malicieuse et irrévérencieuse de Marquise à Corneille, que Brassens introduit dans la chanson.
Suzanne
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Dim 21 Sep - 9:23
Merci Sapho, je ne savais pas pour le dernier couplet.
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Sapho
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Lun 22 Sep - 19:32
Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêlent L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse Ta tête d'enfant Se balance avec la mollesse D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D’étoiles mon cœur !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Nicamic
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Lun 22 Sep - 19:37
Superbe ! Merci, Sapho ! J'avoue que j'aime tant le poème que pour moi, il se suffit à lui-même...
_________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
BRIe
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Mar 23 Sep - 9:32
J'aime ces poésies pour plein de raisons. La vidéo peut amener un plus, dans le sens où parfois, en écoutant Gainsbourg, et regardant la grâce de Birkin, on redécouvre le poème à l'état brut
_________________
Nicamic
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Mar 23 Sep - 9:49
Brie, tu as raison
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Sapho
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Jeu 25 Sep - 19:27
Barbara
Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante É panouie ravie ruisselante Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi Rappelle-toi quand même ce jour-là N'oublie pas Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelle-toi cela Barbara Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu à tous ceux que j'aime Même si je ne les ai vus qu'une seule fois Je dis tu à tous ceux qui s'aiment Même si je ne les connais pas Rappelle-toi Barbara N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé C'est une pluie de deuil terrible et désolée Ce n'est même plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crèvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin très loin de Brest Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert, Paroles
Jacques Prévert est né le 4 février 1900 et est mort le 11 avril 1977. Il a eu beaucoup de mal à se faire reconnaître des critiques car on lui reprochait la trop grande simplicité de sa poésie. A présent, il est considéré comme un des plus grands poètes du XXème siècle et il est publié dans la collection de La Pléiade, synonyme de consécration et d’honneur pour un écrivain. La poésie Barbara est extraite de Paroles, paru en 1946. C’est un texte de circonstances qui se réfère aux 165 bombardements de la ville de Brest entre le 19 juin 1940 et le 18 septembre 1944. La destruction complète de la ville inspire une réflexion pessimiste sur l’amour et la vie.
BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Jeu 25 Sep - 20:30
J'aime cette chanson, je l'associe toujours à l'Automne
_________________
le lémurien
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Ven 26 Sep - 8:11
parce que pour moi, Michel Legrand est un poète et que j'ai toujours aimé les paroles de cette chanson.
_________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
Nicamic
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Ven 26 Sep - 8:50
Tu as raison, Ysou, c'est un très beau poème :
Citation :
Les moulins de mon coeur
Comme une pierre que l´on jette Dans l´eau vive d´un ruisseau Et qui laisse derrière elle Des milliers de ronds dans l´eau Comme un manège de lune Avec ses chevaux d´étoiles Comme un anneau de Saturne Un ballon de carnaval Comme le chemin de ronde Que font sans cesse les heures Le voyage autour du monde D´un tournesol dans sa fleur Tu fais tourner de ton nom Tous les moulins de mon cœur
Comme un écheveau de laine Entre les mains d´un enfant Ou les mots d´une rengaine Pris dans les harpes du vent Comme un tourbillon de neige Comme un vol de goélands Sur des forêts de Norvège Sur des moutons d´océan Comme le chemin de ronde Que font sans cesse les heures Le voyage autour du monde D´un tournesol dans sa fleur Tu fais tourner de ton nom Tous les moulins de mon cœur
Ce jour-là près de la source Dieu sait ce que tu m´as dit Mais l´été finit sa course L´oiseau tomba de son nid Et voila que sur le sable Nos pas s´effacent déjà Et je suis seul à la table Qui résonne sous mes doigts Comme un tambourin qui pleure Sous les gouttes de la pluie Comme les chansons qui meurent Aussitôt qu´on les oublie Et les feuilles de l´automne Rencontre des ciels moins bleus Et ton absence leur donne La couleur de tes cheveux
Une pierre que l´on jette Dans l´eau vive d´un ruisseau Et qui laisse derrière elle Des milliers de ronds dans l´eau Au vent des quatre saisons Tu fais tourner de ton nom Tous les moulins de mon cœur
Michel Legrand
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Sapho
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Ven 26 Sep - 11:54
J'apprécie !
Merci YSOU et NIC pour le partage !
Sapho
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Ven 3 Oct - 14:55
Victor Hugo - 1847
Chansons des rues et des bois
Les Tuileries
Nous sommes deux drôles
Aux larges épaules,
De joyeux bandits,
Sachant rire et battre,
Mangeant comme quatre,
Buvant comme dix.
Quand, vidant les litres,
Nous cognons aux vitres
De l’estaminet,
Le bourgeois difforme
Tremble en uniforme
Sous son gros bonnet.
Nous vivons en somme,
On est honnête homme,
On n’est pas mouchard.
On va le dimanche,
Avec Lise ou Blanche,
Dîner chez Richard.
Nous vivons sans gîte,
Goulûment et vite,
Comme le moineau,
Haussant nos caprices
Jusqu’aux cantatrices
De chez Bobino.
La vie est diverse,
Nous bravons l’averse
Qui mouille nos peaux;
Toujours en ribotes
Ayant peu de bottes
Et point de chapeaux.
Nous avons l’ivresse,
L’amour, la jeunesse,
L’éclair dans les yeux,
Des poings effroyables,
Nous sommes des diables,
Nous sommes des dieux!
-----------------------
Nos deux seigneuries
Vont aux Tuileries
Flâner volontiers,
Et dire des choses
Aux servantes roses
Sous les marronniers.
Sous les ombres vertes
Des rampes désertes
Nous errons le soir,
L’eau fuit, les toits fument,
Les lustres s’allument,
Dans le château noir.
Notre âme recueille
Ce que dit la feuille
À la fin du jour,
L’air que chante un gnome.
Et, place Vendôme,
Le bruit du tambour.
Les blanches statues
Assez peu vêtues,
Découvrent leur sein,
Et nous font des signes
Dont rêvent les cygnes
Sur le grand bassin.
Ô Rome! ô la Ville!
Annibal, tranquille,
Sur nous, écoliers,
Fixant ses yeux vagues,
Nous montre les bagues
De ses chevaliers.
La terrasse est brune.
Pendant que la lune
L’emplit de clarté,
D’ombres et de mensonges,
Nous faisons des songes
Pour la liberté.
Nicamic
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Sujet: Re: QUAND LA POESIE DEVIENT CHANSON Ven 3 Oct - 15:36
J'avais oublié cette jolie "chanson des rues" de V. Hugo et je ne savais pas que Colette Magny l'avait chantée avec autant de sensibilité, merci Sapho
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