Prix de la bibliothèque nationale de France

Sapho a écrit:

 Pour ma part, souligne Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF et mécène du Prix,
Michel Houellebecq est sans doute le plus grand écrivain français contemporain, même s’il
peint une réalité souvent glauque, ou peut-être en raison même de cela qui reflète bien notre
époque, je suis heureux que le Prix de la BnF l’ait ainsi consacré ».

J'en pense... que pour moi, c'est l'un des plus clairvoyants écrivains que nous connaissions actuellement.même s’il
peint une réalité souvent glauque, ou peut-être en raison même de cela qui reflète bien notre
époque"
son dernier livre qui ne cesse de m'interpeller est entrain de faire figure de "présage".
Il y a les biens pensants et les frileux, mais je persiste et signe : Houellebecq voit très loin, et très juste.


Il n'en reste pas moins qu'il écrit magnifiquement bien ! ce qui ne gâte rien.

J'avais donné mon sentiment sur son dernier live qui avait fait polémique.... je n'ai guère eu de réponse.....

Je continue, pour ma part, à avoir beaucoup de mal avec Houellebecq, essentiellement à cause de son écriture mais pas seulement. Ainsi, j'ai emprunté récemment Soumission et, franchement, le livre m'est tombé des mains. Je le reprendrai sans doute plus tard mais pour l'instant, je devine derrière (peut-être à tort !) des sous-entendus politiques qui me dérangent et je ne parle pas de l'islamisation qui, à mon avis, n'est finalement qu'accessoire dans ce roman. J'ai été aussi vite agacée par cette vision finalement manichéenne puisque l'auteur pense manifestement que la "soumission" est généralisée.
Le plus grand écrivain français actuel ? Si c'est vrai, c'est bien triste ! Je ne suis pas sûre du tout d'ailleurs que la postérité verra en lui un auteur essentiel de notre époque, mais naturellement, je peux me tromper...

Merci pour vos réponses YSOU et NIC 


Je voudrais vous proposer HOUELLEBECQ vu par Bernard Maris. Bernard Maris, né le 23 septembre 1946 à Toulouse et assassiné le 7 janvier 2015 à Paris lors de l'attentat au siège du journal Charlie Hebdo, est un économiste, écrivain et journaliste français.




Michel Houellebecq, l'auteur Français devenu, certainement, aujourd'hui, le plus célèbre du monde grâce à un télescopage médiatique et évènementiel invraisemblable autant que douloureux, est un romancier génial pour les uns, pornographique pour les autres, à la fois visionnaire et décadent; en même temps, grand romantique, digne de Maupassant, et poète symboliste, sorte de Baudelaire du 21ème siècle. Mais un Houellebecq "économiste", qui oserait l'affirmer ? Bernard Maris, lui même, qui, en prêchant un peu pour sa paroisse, il faut le dire, nous présente ainsi l'auteur des "Particules élémentaires" : "Aucun écrivain n'est arrivé comme lui "à saisir le malaise économique qui gangrène notre époque". Oui, selon les deux auteurs, qui se connaissent à peine, malaise il y a devant les souffrances et les ravages de la société de consommation ; Maris extrait de "La Carte et le territoire" une phrase clé prononcé par l'héroïne de ce roman de Houellebecq, elle aussi professeur d'économie : "J'ai gâché ma vie à enseigner des absurdités contradictoires à des crétins arrivistes" ; toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, sauf sous la plume d'un grand romancier ! Et que dit Houellebecq, au fil de ses romans successifs ? L'homme est malade de la société de consommation, de la quête incessante du profit, d'un confort matériel non durable, d'une compétition épuisante et illusoire qui conduit à la déception et confine à la haine de l'autre.
Dans un chapitre dédié à J.M.Keynes et titré "L'infantilisme des consommateurs", Bernard Maris parle d'un terrorisme de l'obsolescence si bien décrit dans "la Carte et le territoire" qui, avec "Extension", fournit bon nombre d'arguments houellebecqiens à l'appui de la thèse de l'économiste iconoclaste. Ainsi le romancier pleure à l'évocation de la disparition programmée de trois de ses produits fétiches: "Adieu mes Paraboot Marche et ma parka Camel...” Etc, etc. Tout y passe, l'entreprise, vulgaire et malpropre, l'art, un supermarché, le sexe (de masse, comme le tourisme bien sûr), la pub qui torture et soumet: la pub c'est la nouvelle morale qui succède au christianisme !!! Conclusion de l'économiste, le vrai : ce livre est un sourire. Il montre la "triste morale" et la forte poigne dissimulée sous les oripeaux d'une science. "Car il n'y a pas de science économique".




SON LIVRE : L'INFANTILISME DES CONSOMMATEURS


1/ Le courage Bernard Maris a eu le grand mérite d'afficher avec humour, décalage et style, sa détestation de la société de consommation, du culte de la finance et de la prééminence de l'économie auxquels malgré tous ses efforts de pédagogie et selon lui, personne ne comprend rien. Et surtout, il ne faut toujours clairement accorder aucun crédit aux analystes et aux prévisionnistes qui se trompent sans cesse et nous bercent d'illusions.
2/ La démonstration .Elle est convaincante et en tout cas incite à la réflexion. M. Houellebecq et B. Maris se rejoignent avec mélancolie sur l'abandon des valeurs humaines et l'avenir incertain de la société.
3/ Le style. Le livre "Houellebecq économiste", bien écrit, imagé, plein d'humour, apparait comme la BD de la comédie humaine contemporaine avec Michel à la caricature et Oncle Bernard à l'écriture.

Pour ma part, sans en faire le meilleur auteur français de l'année, j'aime chez Houellebecq la façon de mettre les mots sur une réalité visionnaire et ce ,sans équivoque aucune. il dit les choses avec beaucoup de lucidité, sans hypocrisie et sans condescendance . Bien sur, cela n'engage que moi !

Sapho a écrit:

Pour ma part, sans en faire le meilleur auteur français de l'année, j'aime chez Houellebecq la façon de mettre les mots sur une réalité visionnaire et ce ,sans équivoque aucune. il dit les choses avec beaucoup de lucidité, sans hypocrisie et sans condescendance . Bien sur, cela n'engage que moi !

Cela n'engage que moi également, qui suis entière de ton avis. J'en avais parlé sous une autre forme, plus haut, quand j'ai donné mes impressions sur "Soumission".
Lorsque le chaos s'installe, tout est possible, surtout quand le malaise est autant économique que sociétal.
Je vais acheter "L"infantilisme des consommateurs" de Bernard Maris
merci ma Sapho

Très intéressant et enrichissant, ton post, Sapho.
Tu trouves Houellebecq lucide, d'autres que toi le disent, vous devez avoir raison hélas... Je le trouve globalement manichéen et en tout cas pessimiste au dernier degré. Bien sûr, c'est un romancier mais j'ai envie de lui demander : "Alors, et après ? Que proposez-vous ? N'y at-il aucune issue à vos yeux ?"

ma Nic, ce n'est pas l'un de nos gouvernants, il se borne à constater les dégâts !...
mais ces derniers sont bien trop préoccupés par, justement ce que Houellebecq dénonce, pour faire quelque chose : le profit et le goût du pouvoir !

le lémurien a écrit:

ma Nic, ce n'est pas l'un de nos gouvernants, il se borne à constater les dégâts !...
mais ces derniers sont bien trop préoccupés par, justement ce que Houellebecq dénonce, pour faire quelque chose : le profit et le goût du pouvoir !

Certes mais, pour moi, un penseur de cette trempe devrait être en mesure de suggérer des solutions et en tout cas ne pas se limiter à un constat de désespérance.

oui, il est très pessimiste de nature. Mais au moins, ce n'est pas un "bien-pensant", et il n'adhère pas aux idées dangereuses des divers gouvernements qui nous conduisent à notre perte.
Sa lucidité dérange, c'est certain ! Peut-être a t il des solutions, mais à quoi bon les exposer puisque ceux à qui ça profiterait peut être, ne veulent pas entendre les voix de la raison.

J'aurais du mal à donner mon avis, je n'ai jamais lu Houellebecq et je n'ai pas envie de le lire.
Le personnage m'agace ! Bon peut-être qu'un jour, j'aurai un déblocage.

oui, Suzanne, j'en conviens, son personnage agace, mais il a un réel talent et sa lucidité est .... effrayante !

J'aborde cet écrivain en regardant, et écoutant ce personnage. Ensuite, par ses poésies, chantées par Jean Louis Aubert.
Il faut le lire pour avoir une plus ample opinion  
En tout cas, il y a une fascination, une curiosité. Je ne peux en dire plus, je n'ai lu que des résumés de livre

 Magistral parce que la poésie de Houellebecq prend corps et souffle dans le corps et la voix de Jean-Louis Aubert​ qui ne donne pas seulement des ailes mais un ton,une vibration émouvante. Génial.

Splendide, merci Sapho

merci Sapho de me le remettre en mémoire. Je l'avais lu et pas écouté avec JL Aubert.
Tu devrais le lire, Brie, il est étonnant ! mais on l'aime ou pas.
Les intellos bobos crient au génie (je ne sais pas, après "Soumission".....), moi j'admire la lucidité, ce désenchantement devant la vie, parce qu'il ne se fait pas d'illusions. Cette écriture-parlée, comme s'il s'adressait à chacun, ce style qui n'en est pas un, mais pourtant lui est propre. Il a d'éclatants moments de poésie, il met le monde en face de lui-même, et... ce n'est pas toujours gai !

Merci Sapho, je suis de ton avis.
Pour la lecture des bouquins, j'en suis toujours au même point, hélas 

commence par lire une page chaque jour.... après, avec la curiosité éveillée, ça viendra tout seul !