Michel HOUELLEBECQ

oui, c'est vrai je suis naïve, mais sa maison d'édition n'a quand même pas "acheté" tous les critiques qui l'encensent ! 

Non certes, ce n'est pas ce que j'ai dit, mais elle a largement arrosé les critiques d'exemplaires et/ou de "bonnes pages" et, en ce sens, elle a organisé le battage.

C'est possible, mais ça n'enlève rien au fait que j'aime la façon d'écrire de Houellebecq et son épouvantable lucidité (que ce soit sur le monde où nous vivons ou sur lui-même).
"Qui veut tuer son chien l'accuse d'avoir la rage" ......

J'attends de l'avoir lu en entier avant de donner mon avis 

Bien sûr, ma Sapho. Bonne lecture !

A bientôt toutes les deux

A bientôt ma  Nic 

ma Sapho, j'ai terminé Sérotine, je t'attends pour donner mes impressions 

J'ai hâte de vous lire toutes les deux !

nan ! t'as pas l'droit ! tu l'aimes pas et tu n'as pas lu ses livres ! t'es interdite de séjour en Houellebecquerie !  
tu veux juste le démolir à partir de ce que nous dirons ! vilaine !

Tu me prêtes de mauvaises intentions qui ne sont jamais les miennes, je suis vexée   . Je lis des articles sur ce livre ici et là, très variés, vos réactions d'inconditionnelles m'intéressent et, comme je l'ai déjà dit, éventuellement, quand il sera à la bibliothèque, je l'emprunterai au moins pour l'amorcer ou le feuilleter, voire aller plus loin si affinités  

Encore une cinquantaine de pages à lire les amies  

ne sois pas vexée, mon amie, je plaisantais ! mais il est vrai que tu ne trouves que les mauvaises critiques et j'ai relu tout le fil, tu as fait la même chose avec "Soumission", tu ne l'as pas lu, finalement ! Je ne t'obliges pas à le lire, je ne t'obliges pas à apprécier Houellebecq, alors ....... 

Tu as foncé ma Sapho !

Ysou, tu as tort de dire que je ne lis que les mauvaises critiques, je lis toutes celles qui me tombent sous la main et un bon nombre d'entre elles sont très élogieuses, surtout pour son dernier. Pour tout t'avouer, j'avais commencé Soumission et, franchement, le livre m'est tombé des mains, en grande partie à cause de cette fameuse "écriture plate" à laquelle je ne parviens pas à être sensible. Pour Sérotonine, je vous lirai, Sapho et toi, puis je ferai ce que j'ai dit plus haut, quand il sera à la bibliothèque.

je n'ai pas dit que "tu ne lisais que les mauvaises critiques", j'ai dit que "tu ne trouvais" que les mauvaises critiques, je voulais dire : celles que tu as mis sur le fil !
Mais c'est pas grave, je t'ai dit que je ne t'obligeais pas à lire ses livres, si tu n'aimes pas, tu n'aimes pas !  je ne vais quand même pas t'en vouloir !   

ma Sapho, je suis un peu tourneboulée par la fin de Sérotonine ....... je ne m'y attendais pas. Maintenant, je cogite à tout va .... qu'a-t-il voulu dire ?

j'ai beaucoup réfléchi sur ce livre. Il y avait deux possibilités, je crois ... J'ai écarté les autres et puis je me suis mise à lire les critiques ..... les mauvaises sont horribles et péremptoires. Les bonnes, il y en a trop ! c'est ce qui m'avait dissuadée d'en prendre  connaissance quand j'ai eu un aperçu avant et lors de la parution. Là j'en lis et je me dis que j'ai peut être raison : d'autres que moi arrivent au même questionnement.
Je t'attends, il ne faut pas que nous nous influencions l'une et l'autre !

Je poste mes impressions demain car aujourd'hui, je n'ai pas trop le temps.

Il y a en même temps peu et  beaucoup à dire vu qu'il ne sort pas de sa zone de prédilection !

alors, ma Mie, je le ferai aussi !

Vous m'intriguez, les filles

Je donne mon brouillon tel que je l'ai écrit ! j'ai la flemme de remettre en forme ! c'est plein de répétitions, c'est "brouillon". 

Bon ! je suis toujours dans l'expectative .... Houellebecq s'est-il fichu de nous en batissant une histoire très houellebecquienne, avec son style très personnel, ses tics, ses provocations, son langage qui envoie balader le politiquement correct, dont pour ma part j'ai une sainte horreur, ses passages porno "obligatoires", son épouvantable lucidité sur le monde où nous vivons et sur ses contemporains, avec son éternelle désespérance, ses dépressions à rallonge ....  a-t-il fait ça !
En faisant un pastiche de son style reconnaissable avec tout ce qu'il met habituellement autour, a t il voulu nous montrer qu'il pouvait se pasticher lui même ?  a la limite, nous dire qu'il pouvait écrire n'importe quoi, on le lirait quand même ...?
Pourquoi, nous, lecteurs, ne pouvons nous pas dissocier ses héros de lui-même ?  On n'imagine pas une autre silhouette, un autre visage que les siens, en le lisant. 
Il est cynique, revenu de tout, et lorsqu'il imagine un personnage, c'est le portrait sans concession de l'homme d'aujourd'hui ! un peu exagéré, quand même ...
Il parle d'amour, dans Serotonine, il a raté le coche deux fois et il dit son chagrin d'un ton si juste que j'en ai eu les larmes aux yeux. Il rate tout, bêtement, finalement ! Son personnage est faible, lâche, hésitant, comme beaucoup d'hommes de cette époque que nous vivons mal parce que nous avons perdu nos repères, que la solitude nous plombe ! et pour des tas d'autres raisons que ça me barbe d'énumérer .... A travers son Florent-Claude (où a t il été pêcher ce prénom ?), il révèle son romantisme, oui, Houellebecq est romantique ! qui l'eut cru ? lorsqu'il regrette Camille qu'il a profondément aimée et laissé partir bêtement, il m'émeut. Il a des mots justes pour exprimer son chagrin !  
Les critiques dithyrambiques dont j'ai pris connaissance  m'ont génées, trop, c'est trop ! Les médias ?  les Critiques ? on aurait dit le choeur des vierges ! Flammarion qui a bien orchestré la sortie du livre, n'a quand même pas pu leur graisser la patte à tous ? Je ris, bien sûr ! J'ai souvent ri en lisant Sérotonine ! il est très pince sans rire Michel Houellebecq ! il faut être attentif, ça ne saute pas comme ça aux yeux !
La fin m'a pas mal perturbée, je suis toujours dans l'expectative ! et si il avait voulu nous prévenir qu'en continuant comme ça, comme des moutons bêlants, nous courriions à notre perte ?
En bas de la dernière page, il dit : "Et je comprends aujourd'hui le point de vue du Christ, son agacement répété devant l'endurcissement des coeurs : ils ont tous les signes, et ils n'en tiennent pas compte. Est-ce qu'il faut vraiment, en supplément, que je donne ma vie pour ces minables ? Est-ce qu'il faut vraiment être à ce point explicite ?
Il semblerait que oui."
Quant à ses détracteurs .... ils ne supportent pas le miroir qu'il nous tend, lui, il y a longtemps qu'il s'y déteste ! et puis les critiques qui écrivent eux mêmes ont du mal à supporter que ce dépressif chronique, cet homme qui ramène le sexe à sa triste vérité, en parle trop, soit qualifié de "grand auteur", de visionnaire, de "si lucide" qu'il en fait peur aux frileux, aux bien-pensants, aux bobos, j'en passe .... ils ont du mal à supporter qu'il soit en tête des tirages à chaque sortie de ses livres. En les lisant, j'ai perçu l'amertume, l'agressivité, presque de la haine.
Je pense parfois à l'intelligence de Michel Houellebecq .... est-ce une malédiction qu'elle lui ait été donnée pour voir si clairement notre monde, celui qui nous entoure, celui où nous vivons, que l'on a laissé nous pervertir, nous contaminer ?

J'ai refermé ce livre que j'ai trouvé très drôle, très triste, intelligent, aigu et infiniment mélancolique. J'ai aimé. Beaucoup. J'y ai retrouvé son regard hyper affûté, chirurgical sur notre société pas joyeuse, j'y ai retrouvé une sublime histoire d'amour désespérée.
   J'y ai trouvé une verve tonique, une pensée incorrecte et réjouissante, en ces temps de molles idées, gentillettes,et consensuelles, démenties par le réel de chaque instant.
   J'y ai retrouvé ses obsessions sexuelles, et là, honnêtement, il aurait pu avoir la main plus légère sur le sujet.

J'y ai retrouvé une écriture souvent paresseuse, pullulant d'adverbes mais on ne lit pas Houellebecq pour le cristal d'un style, pour le lyrisme ou la poésie, pour la justesse de la métaphore ou la subtilité d'une musique particulière. Un écrivain peut-il être tout à la fois?

Houellebecq est un homme déprimé , perdu, il regarde un monde désenchanté qui ressemble à son propre naufrage, une chute lente insensible.
Il y a eu  l'amour, l'amitié et une solide incapacité à retenir quoi que ce soit.
Pas de pseudo bien pensance ,rien de la soupe tiède de la fausse morale que les médias nous servent à grandes louches.
Déprimant? Il excelle à regarder en face et à dire ce qu'est le désastre de notre société, ses lâchetés, ses interdits larvés, sa cruauté. Sa lucidité sur la mort annoncée du monde agricole est d'une percutante justesse.
Ce livre est un face à face. L'anti-héros, cet homme à bout de souffle est celui que nous ne voulons pas être, à aucun prix; bien sûr, nous valons mieux, nous pensons mieux, nous aimons mieux. Bien sûr, nous sommes plus lucides et plus volontaires........
Il est l'insupportable rappel de nos failles et de nos arrangements, de nos lassitudes, de nos fuites , de nos morosités.

Certes, ce n'est pas réjouissant. Une vie, un monde sans dépassement de soi, sans sublimation, sans consolation..........
Ce monde qu'il regarde avec cynisme et distance est celui que nous avons construit ou dont nous avons hérité sans parvenir à le changer. Allons-nous l'accuser de nous le faire renifler d'un peu trop près?

Ce monde égoïste et repu, souriant et brutal est à la veille de sa chute comme le furent tous les grands empires.Il nous reste à  faire notre possible pour le rendre supportable, à nous-mêmes, à ceux que nous aimons, à quelques inconnus que nous croisons, à ceux en qui nous reconnaissons une possible fraternité. Il nous reste à faire notre possible pour ne pas être un personnage de Houellebecq. Nous aurions mauvaise grâce à lui en vouloir pour ça !

J'ai lu ta prose avec admiration ! c'est très bien écrit et très sensible.
Tu éprouves les mêmes impressions que moi et arrive à cette conclusion qui est la mienne depuis que j'ai commencé à le lire : cette lucidité épouvantable 
qui le rend malheureux, et les miroirs qu'il nous tend sont impitoyables !
J'ai oublié de parler de son écriture, pour ce dernier livre. J'ai trouvé qu'il ne s'était pas foulé la rate ! mais ça ne m'a pas trop dérangée. Par contre, même si je sais que c'est de la pure provoc, il m'a encore agacée avec ses histoires de sexe, elle n'apportent vraiment rien ! Je crois que pendant qu'il écrit, il se dit : "tiens, si je parlais un peu de sexe ....." ou encore "Ah ! zut ! j'ai oublié de mettre un peu de sexe ! histoire de faire glapir les bien-pensants, les coincés, les très-bien-éduqués-qui-font-des-vilaines-choses-mais-n'en-parlent-surtout-pas ". 
Tu n'as pas répondu aux questions que je me pose ....... qu'en penses-tu ?

Je vous ai lues avec attention toutes les deux et il me semble que chacune à sa façon dit à peu près la même chose que l'autre. Je trouve aussi que vos commentaires recoupent assez largement ce que j'ai lu dans divers articles. Merci à vous deux.  
Je crois que, pour l'instant au moins, je laisserai de côté pareille lecture ! Rien que les négligences d'écriture et les obsessions sexuelles suffiraient à me détourner de ce livre !

ma Sapho dolce, tu répondras à mes questions s'il te plait ? bonne nuit