La Clef des Champs Forum d'amitié |
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+4Sapho BRIe Nicamic le lémurien 8 participants | |
Auteur | Message |
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le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: poème du jour Lun 17 Mar - 6:47 | |
| j'ouvre ce fil à la demande de Suzanne. Chacun pourra y mettre un poème qui lui plait, de l'auteur qu'il aime. Je vais commencer par celui de Pierre de Marbeuf que j'ai cité hier sur un autre fil. Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes. Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes. Pierre de Marbeuf, _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 17 Mar - 7:34 | |
| tiens ! salut Victor ! comment vas-tu ? tu veux me parler du printemps ? hé bé, allons-y Printemps Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d'une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d'amour ; la nuit, on croit entendre, A travers l'ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini. Victor Hugo Victor, entre nous, je trouve que tu devrais te faire éditer. Si si ! ça mérite ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 17 Mar - 9:21 | |
| - le lémurien poète a écrit:
- Victor, entre nous, je trouve que tu devrais te faire éditer. Si si ! ça mérite !
Eh bien le voilà publié ici, grâce à toi ! _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 17 Mar - 9:23 | |
| je vais téléphoner à Gallimard, faut qu'il fasse quelque chose ! un talent pareil ...... _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 17 Mar - 9:29 | |
| - le lémurien a écrit:
- je vais téléphoner à Gallimard, faut qu'il fasse quelque chose ! un talent pareil ......
Je ne voudrais pas te décourager mais la prestigieuse maison a refusé Proust, Céline, Mitchell, Joyce... et j'en oublie ! D'ailleurs, je ne leur ai même pas envoyé mes propres manuscrits, pas la peine ! _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 17 Mar - 9:42 | |
| ha ! s'ils refusent Victor, ils s'en mordront les doigts plus tard ! ce n'est qu'une prédiction, mais elle vaut ce qu'elle vaut ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 17 Mar - 21:29 | |
| paroles d'une chanson de JJ Goldman. très beau poème.
Y a des qualités de silence Comme les étoffes ou le bois Des profonds, des courts, des immenses Des que l'on n'entend presque pas
Coule la pluie, cheveux et veste Mouille ce qui ne pleure pas Marcher le long de rues désertes Où tu me manques pas à pas
Tu manques, si tu savais Tu manques tant Plus que je ne l'aurais supposé Moi qui ne tiens pas même au vent
Prendre un taxi, tourner des pages Féliciter, battre des mains Faire et puis refaire ses bagages Comment allez-vous ?, à demain
On apprend tout de ses souffrances Moi, j'ai su deux choses, après toi : Le pire est au bout de l'absence Je suis plus vivant que je crois Tu manques, si tu savais Infiniment, tout doucement Plus que je ne me manque jamais Quand je me perds de temps en temps Danger, dit-on, la lune est pleine Est-elle vide aussi parfois ? Invisible, à qui manquerait-elle ? Peut-être à d'autres, pas à moi
Tu manques, si tu savais Tu manques drôlement
Tu m'manques
Jean-Jacques Goldman _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Poèmes Lun 17 Mar - 21:56 | |
| Le Lémurien, merci beaucoup à toi, je viens de lire ces très beaux poèmes qui demandent réflexion. (demain, je les décortique ) et je suis heureuse que Suzanne ait ouvert un nouveau fil. |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mar 18 Mar - 15:06 | |
| Coucou, Brie ! oui, ça m'intéresse que tu décortiques. Tu manques, par exemple... Goldman l'a écrit après la mort de son père, c'est un beau texte, sobre sans larmoiements bien que le chagrin se devine en filigrane. C'est un poème qui peut s'appliquer à n'importe quelle absence, parce que c'est bien l'absence qui est mise en lumière, et le manque qui en découle.... _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Mar 18 Mar - 16:17 | |
| Sur celui de Goldman, écris pour son père, je n'y ai vu que l'absence d'un amoureux ou d'une amoureuse. En le relisant après ta remarque, beaucoup de pudeur envers un être à jamais disparu Le 1er sur l'Amour ou pas, me prouve que la douleur est toujours présente Et sur le Printemps, on respire le vent frais et nouveau Je n'ai pas mis des poins à mes phrases, parce que je rumine beaucoup les sentiments, et que le fil de mes idées doit se dérouler , heu, je veux dire par là que je mijote les images, les mots (c'est pas clair, hin ? ) |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mar 18 Mar - 19:03 | |
| - Brie a écrit:
- (c'est pas clair, hin ? )
hé bé si ! justement, c'est très clair ! je rumine aussi beaucoup sur un poème qui me plait. Les mots font surgir les images, du moins, les miennes. Parce que comme tu l'as remarqué très justement : tu dis :je n'y ai vu que l'absence d'un amoureux ou d'une amoureuse. Et quand je t'ai appris qu'il l'avait écrit après la mort de son père, tu le trouves juste et beau encore. Il s'adapte à l'humeur de chacun : ça peut être un amant, un ami, un proche.... c'est l'absence d'un être aimé, c'est tout ! je sais ... je m'explique comme un manche ! mais je suis fatiguée : j'ai fait plein de choses et même pas pu lire ! bisous Brie _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Mar 18 Mar - 22:04 | |
| Gros bisous, Ysou (c'est bien toi, hin, Le Lémurien, lol) je crois que l'on s'est compris malgré tout tu me fais sourire |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mar 18 Mar - 22:18 | |
| oui, Brie, je m'appelle Ysandre mais on me donne des petits noms affectueux comme Ysou, ou le tit lémurien. C'est de la tendresse .....et moi j'en raffole ! bonne nuit Brie _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 19 Mar - 14:23 | |
| Très beaux les poèmes que tu as postés mon YSOU ! J'en redemande encore et encore...... [size=16.799999237060547]Désirs[/size]
Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes, De monter dans l’espace en poussant de grands cris, De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles, Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris. D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines En refermant dessus leurs deux bras écartés ; Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines, Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés. Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle : Je voudrais être beau comme les anciens dieux, Et qu’il restât aux coeurs une flamme éternelle Au lointain souvenir de mon corps radieux. Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage, Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ; Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage, Comme on cueille des fruits en étendant la main. Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ; Ces arômes divers nous les rendent plus doux. J’aimerais promener mes caresses errantes Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux. J’adorerais surtout les rencontres des rues, Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard, Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues, Les baisers échangés au seul gré du hasard. Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ; Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas La blonde dont le front s’argente au clair de lune. Puis, sans un trouble au coeur, sans un regret mordant, Partir d’un pied léger vers une autre chimère. - Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent : On trouverait au fond une saveur amère. Guy de Maupassant, Des vers |
| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 19 Mar - 14:25 | |
| Très beaux les poèmes que tu as postés mon YSOU ! J'en redemande encore et encore...... [size=16.799999237060547]Désirs[/size]
Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes, De monter dans l’espace en poussant de grands cris, De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles, Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris. D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines En refermant dessus leurs deux bras écartés ; Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines, Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés. Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle : Je voudrais être beau comme les anciens dieux, Et qu’il restât aux coeurs une flamme éternelle Au lointain souvenir de mon corps radieux. Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage, Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ; Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage, Comme on cueille des fruits en étendant la main. Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ; Ces arômes divers nous les rendent plus doux. J’aimerais promener mes caresses errantes Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux. J’adorerais surtout les rencontres des rues, Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard, Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues, Les baisers échangés au seul gré du hasard. Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ; Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas La blonde dont le front s’argente au clair de lune. Puis, sans un trouble au coeur, sans un regret mordant, Partir d’un pied léger vers une autre chimère. - Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent : On trouverait au fond une saveur amère. Guy de Maupassant, Des vers |
| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Mer 19 Mar - 14:36 | |
| Je suis étonnée par Guy de Maupassant quelle sensualité, quelle délicatesse, quel délicieux appétit
Dernière édition par BRIe le Mer 19 Mar - 19:56, édité 1 fois |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 19 Mar - 15:00 | |
| On connaît assez peu Maupassant poète finalement. Voici un autre poème de lui que je trouve délicat :
La chanson du rayon de lune
Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune. Sais-tu d’où je viens ? Regarde là-haut. Ma mère est brillante, et la nuit est brune. Je rampe sous l’arbre et glisse sur l’eau ; Je m’étends sur l’herbe et cours sur la dune ; Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau, Comme un maraudeur qui cherche fortune. Je n’ai jamais froid ; je n’ai jamais chaud. Je suis si petit que je passe Où nul autre ne passerait. Aux vitres je colle ma face Et j’ai surpris plus d’un secret. Je me couche de place en place Et les bêtes de la forêt, Les amoureux au pied distrait, Pour mieux s’aimer suivent ma trace. Puis, quand je me perds dans l’espace, Je laisse au coeur un long regret.
Rossignol et fauvette Pour moi chantent au faîte Des ormes ou des pins. J’aime à mettre ma tête Au terrier des lapins, Lors, quittant sa retraite Avec des bonds soudains, Chacun part et se jette A travers les chemins. Au fond des creux ravins Je réveille les daims Et la biche inquiète. Elle évente, muette, Le chasseur qui la guette La mort entre les mains, Ou les appels lointains Du grand cerf qui s’apprête Aux amours clandestins.
Ma mère soulève Les flots écumeux, Alors je me lève, Et sur chaque grève J’agite mes feux. Puis j’endors la sève Par le bois ombreux ; Et ma clarté brève, Dans les chemins creux, Parfois semble un glaive Au passant peureux. Je donne le rêve Aux esprits joyeux, Un instant de trêve Aux coeurs malheureux.
Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune. Et sais-tu pourquoi je viens de là-haut ? Sous les arbres noirs la nuit était brune ; Tu pouvais te perdre et glisser dans l’eau, Errer par les bois, vaguer sur la dune, Te heurter, dans l’ombre, au tronc du bouleau. Je veux te montrer la route opportune ; Et voilà pourquoi je viens de là-haut.
Des vers _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| | | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Mer 19 Mar - 15:13 | |
| Alors là, les Filles, je découvre un nouveau Maupassant. Je pense en avoir appris à l'école... mais je les ai oubliés. Merci, perso, je me retrouve dans cette écriture. C'est très imagé, et reposant (du moins, pour ce second poème) |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 19 Mar - 15:29 | |
| comme c'est curieux ... je ne me souviens que de celui-là ! Les oies sauvagesTout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris. La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris. Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies, Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur. Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ; Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies. Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu, Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu, Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante. Le guide qui conduit ces pèlerins des airs Delà les océans, les bois et les déserts, Comme pour exciter leur allure trop lente, De moment en moment jette son cri perçant. Comme un double ruban la caravane ondoie, Bruit étrangement, et par le ciel déploie Son grand triangle ailé qui va s’élargissant. Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine, Engourdis par le froid, cheminent gravement. Un enfant en haillons en sifflant les promène, Comme de lourds vaisseaux balancés lentement. Ils entendent le cri de la tribu qui passe, Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir Les libres voyageurs au travers de l’espace, Les captifs tout à coup se lèvent pour partir. Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes, Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément, A cet appel errant se lever grandissantes La liberté première au fond du coeur dormant, La fièvre de l’espace et des tièdes rivages. Dans les champs pleins de neige ils courent effarés, Et jetant par le ciel des cris désespérés Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages. Guy de Maupassant à cause sans doute de ce vers : la liberté première au fond du cœur dormant. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Sam 22 Mar - 15:40 | |
| Hommage à la vie
C’est beau d’avoir élu Domicile vivant Et de loger le temps Dans un coeur continu, Et d’avoir vu ses mains Se poser sur le monde Comme sur une pomme Dans un petit jardin, D’avoir aimé la terre, La lune et le soleil, Comme des familiers Qui n’ont pas leurs pareils, Et d’avoir confié Le monde à sa mémoire Comme un clair cavalier A sa monture noire, D’avoir donné visage À ces mots : femme, enfants, Et servi de rivage À d’errants continents, Et d’avoir atteint l’âme À petits coups de rame Pour ne l’effaroucher D’une brusque approchée. C’est beau d’avoir connu L’ombre sous le feuillage Et d’avoir senti l’âge Ramper sur le corps nu, Accompagné la peine Du sang noir dans nos veines Et doré son silence De l’étoile Patience, Et d’avoir tous ces mots Qui bougent dans la tête, De choisir les moins beaux Pour leur faire un peu fête, D’avoir senti la vie Hâtive et mal aimée, De l’avoir enfermée Dans cette poésie.
J. SUPERVIELLE |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Sam 22 Mar - 18:33 | |
| oh ! beau, ma Sapho ! _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Sam 22 Mar - 20:49 | |
| Je me retrouve beaucoup dans cette poésie |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Sam 22 Mar - 23:34 | |
| - Citation :
- Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l’oreille des autres. a dit Supervielle. J'ai souvent eu la sensation qu'il me parlait à l'oreille... _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Dim 23 Mar - 6:58 | |
| - Supervielle a écrit:
- Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l’oreille des autres.
oui bah moi j'ai aussi chuchoté parfois à l'oreille des autres... mais ils étaient sourds ! alors, le lémurien venu d'une autre planète s'en allait, très seul, les larmes aux yeux et rentrait dans son terrier. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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