La Clef des Champs Forum d'amitié |
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+4Sapho BRIe Nicamic le lémurien 8 participants | |
Auteur | Message |
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le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Ven 12 Avr - 8:12 | |
| Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau, Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf
Ce poème me ramène des années en arrière ...... _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Ven 12 Avr - 8:23 | |
| Et la mer et l'amourEt la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes. Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf
Que soit toujours remercié ce médecin de l'âme qui m'offrit ce poème pour tenter de me guérir d'avoir choisi de ne pas "demeurer au rivage". Les naufrages laissent des traces indélébiles. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Ven 12 Avr - 11:23 | |
| _________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Ven 12 Avr - 12:22 | |
| Et dire que j'avais oublié, dans un coin de ma tête, ce grand Homme ! Un grand plaisir, Ysou, de le relire ici... que de jolis mots, que d'intentions, que d'émotions |
| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Ven 12 Avr - 12:28 | |
| _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Ven 12 Avr - 21:02 | |
| merci mes filles. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 20 Jan - 10:24 | |
| A la demande de ma p'tite Brie je mets ici le poème de Victor Hugo qui était sur le fil P'tit déjeuner. Mais là, je le mets entier ! « L’Expiation » forme au cœur des Châtiments une forme concentrée du recueil, dont elle reprend toutes les caractéristiques. Le poème est divisé en sept parties. La première, intégralement reprise ici, retrace la retraite de Russie, dans une admirable épopée en noir et blanc.I. Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.Pour la première fois l’aigle baissait la tête.Sombres jours ! l’empereur revenait lentement,Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.Il neigeait. L’âpre hiver fondait en avalanche.Après la plaine blanche une autre plaine blanche.On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.Hier la grande armée, et maintenant troupeau.On ne distinguait plus les ailes ni le centre :Il neigeait. Les blessés s’abritaient dans le ventreDes chevaux morts ; au seuil des bivouacs désolésOn voyait des clairons à leur poste gelés,Restés debout, en selle et muets, blancs de givre,Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d’être tremblants,Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.Il neigeait, il neigeait toujours ! la froide biseSifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,On n’avait pas de pain et l’on allait pieds nus.Ce n’étaient plus des cœurs vivants, des gens de guerre ;C’était un rêve errant dans la brume, un mystère,Une procession d’ombres sur le ciel noir.La solitude, vaste, épouvantable à voir,Partout apparaissait, muette vengeresse.Le ciel faisait sans bruit avec la neige épaissePour cette immense armée un immense linceul ;Et, chacun se sentant mourir, on était seul.– Sortira-t-on jamais de ce funèbre empire ?Deux ennemis ! le Czar, le Nord. Le Nord est pire.On jetait les canons pour brûler les affûts.Qui se couchait, mourait. Groupe morne et confus,Ils fuyaient ; le désert dévorait le cortège.On pouvait, à des plis qui soulevaient la neige,Voir que des régiments s’étaient endormis là.Ô chutes d’Annibal ! Lendemains d’Attila !Fuyards, blessés, mourants, caissons, brancards, civières,On s’écrasait aux ponts pour passer les rivières.On s’endormait dix mille, on se réveillait cent.Ney, que suivait naguère une armée, à présentS’évadait, disputant sa montre à trois cosaques.Toutes les nuits, qui vive ! alerte ! assauts ! attaques !Ces fantômes prenaient leurs fusils, et sur euxIls voyaient se ruer, effrayants, ténébreux,Avec des cris pareils aux voix des vautours chauves,D’horribles escadrons, tourbillons d’hommes fauves.Toute une armée ainsi dans la nuit se perdait.L’empereur était là, debout, qui regardait.Il était comme un arbre en proie à la cognée.Sur ce géant, grandeur jusqu’alors épargnée,Le malheur, bûcheron sinistre, était monté ;Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,Il regardait tomber autour de lui ses branches.Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour.Tandis qu’environnant sa tente avec amour,Voyant son ombre aller et venir sur la toile,Ceux qui restaient, croyant toujours à son étoile,Accusaient le destin de lèse-majesté,Lui se sentit soudain dans l’âme épouvanté.Stupéfait du désastre et ne sachant que croire,L’empereur se tourna vers Dieu ; l’homme de gloireTrembla ; Napoléon comprit qu’il expiaitQuelque chose peut-être, et, livide, inquiet,Devant ses légions sur la neige semées :– Est-ce le châtiment ? dit-il, Dieu des armées ? –Alors il s’entendit appeler par son nomEt quelqu’un qui parlait dans l’ombre lui dit : Non. Victor Hugo, Les Châtiments, 1852. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 20 Jan - 11:20 | |
| Merci Ysou pour le rappel de ce beau poème, à lire à haute voix, comme tous ceux de V. Hugo... _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Lun 20 Jan - 11:28 | |
| _________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Lun 20 Jan - 12:38 | |
| Ha merci Ysou, comme çà, nous avons tout loisir de le savourer, et à voix haute, oui, c'est encore mieux |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 15 Avr - 8:40 | |
| [size=31]Le cygne[/size] René-François Sully PrudhommeSans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes, Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes, Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil A des neiges d’avril qui croulent au soleil ; Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire, Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire. Il dresse son beau col au-dessus des roseaux, Le plonge, le promène allongé sur les eaux, Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe, Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante. Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix, Il serpente, et laissant les herbages épais Traîner derrière lui comme une chevelure, Il va d’une tardive et languissante allure ; La grotte où le poète écoute ce qu’il sent, Et la source qui pleure un éternel absent, Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule En silence tombée effleure son épaule ; Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur, Superbe, gouvernant du côté de l’azur, Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire, La place éblouissante où le soleil se mire. Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus, A l’heure où toute forme est un spectre confus, Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge, Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge, Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit Et que la luciole au clair de lune luit, L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète La splendeur d’une nuit lactée et violette, Comme un vase d’argent parmi des diamants, Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments. René-François Sully Prudhomme, Les solitudes Image choisie par Sapho. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Nicamic
Nombre de messages : 28492 Localisation : Perpignan Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 15 Avr - 9:38 | |
| Un beau poème, que j'ai su par cœur jadis , pour accompagner la poétique image de Sapho : une façon sereine et poétique de commencer la journée, merci Ysou _________________ "Ne te courbe que pour aimer." René Char
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| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 15 Avr - 10:32 | |
| Je le sais aussi par coeur, je m'en suis aperçue en allant le chercher sur internet. J'ai fermé les yeux et je me le suis récité, à moi même ! Il y a des métaphores qui m'éblouissent : "le duvet de ses flancs est pareil à des neiges d'avril qui croulent au soleil ...." et bien d'autres encore.... _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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| | | Sapho
Nombre de messages : 20707 Localisation : BRABANT WALLON-BELGIQUE Date d'inscription : 14/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 15 Avr - 10:50 | |
| _________________ Nous sommes nos choix. (Sartre) |
| | | BRIe
Nombre de messages : 37660 Localisation : Villeneuve lez Avignon Date d'inscription : 28/10/2008
| Sujet: Re: poème du jour Mer 15 Avr - 11:05 | |
| C'est un poème que je ne connaissais pas Il est d'une telle pureté, comme le cygne. Il me fait rêver |
| | | le lémurien
Nombre de messages : 44372 Localisation : à gauche d'Alpha du Centaure Date d'inscription : 10/03/2014
| Sujet: Re: poème du jour Mer 15 Avr - 12:05 | |
| oui, nous lisons et nous fermons les yeux. Nous voyons le cygne glisser sur l'eau, nous voyons son étincelante blancheur, son cou gracieux ....... Je me récite en silence le merveilleux poème. Il parle à l'âme, à ce que nous avons de plus beau, de plus tendre en nous. _________________ Nous étions une étrave face à la vague grise puissante et salée du monde. Notre neuve impatience s'est brisée dans le silence hurlant. Ysandre
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